Dupilumab, premier traitement ciblé du prurigo nodulaire
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
- Les études PRIME et PRIME2 décrivent l’efficacité et la tolérance du dupilumab dans la prise en charge du prurigo nodulaire (PN) sévère, avec une amélioration du score de prurit, du nombre de guérison des lésions et une amélioration de la qualité de vie et du sommeil. La cohorte comportait seulement 4% de patients avec une dermatite atopique modérée, et plus de la moitié n’avaient pas d’antécédents atopiques, confirmant que l’anticorps anti-IL-4Rα est efficace indépendamment du statut atopique.
- Le médicament a été enregistré en 2022 par l’Agence européenne du médicament dans le traitement du PN modéré à sévère de l’adulte nécessitant un traitement systémique et vient d’obtenir un avis favorable au remboursement par la Haute autorité de santé (HAS).
Pourquoi est-ce important ?
Le prurigo nodulaire est une maladie cutanée inflammatoire chronique caractérisée par des lésions papulonodulaires prurigineuses, souvent associées à des douleurs cutanées, des picotements et des sensations de brûlure. Cette maladie a un impact considérable sur la qualité de vie. Sa prise en charge reste néanmoins difficile et non satisfaisante avec les traitements actuels, topiques ou systémiques. L’inhibition du récepteur IL-4Rα commun à l’IL-4 et l'IL-13 par le dupilumab a été décrite comme capable de réduire les mécanismes inflammatoires liés aux symptômes et de contrôler ces derniers. Aussi, le développement du médicament, déjà autorisé dans la dermatite atopique, s’est poursuivi dans le prurigo nodulaire. Ces données sont celles de deux études pivots ayant permis l’enregistrement européen de la molécule dans cette indication.
Méthodologie
PRIME et PRIME2 sont deux essais internationaux de phase 3, randomisés, contrôlés en double aveugle versus placebo. Ils ont recruté des sujets de 18 à 80 ans ayant un diagnostic de PN depuis au moins 3 mois : ils devaient avoir un score de sévérité du prurit élevé (WI-NRS ≥7 dans les 7 jours précédents sur une échelle de 0 à 10) et au moins 20 lésions de PN, et être soit inéligibles aux soit en échec à 2 semaines de corticoïdes topiques de puissance moyenne à élevée.
Dans les deux études, les patients ont été randomisés entre le dupilumab 300 mg sous-cutané toutes les 2 semaines (après une dose de charge initiale de 600 mg) ou un placebo, durant 12 semaines (PRIME2) ou 24 semaines (PRIME). Les traitements stables par topiques pouvaient être poursuivis mais les traitements oraux n’étaient pas autorisés. Le critère principal d’évaluation était la proportion de patients réduisant leur score WI-NRS d’au moins 4 points à l’issue de l’étude.
Principaux résultats
Au total, l'étude PRIME a inclus 151 patients et PRIME2 160 patients (âge moyen 49-50 ans, 64-66% de femmes, 53-60% de patients blancs). Le score WI-NRS moyen était de 8,5 sur 10, et le nombre de nodules était supérieur à 100 pour 28,7% et 38,4% des patients des deux études respectivement, avec un mauvais score de qualité de vie (score DLQI moyen de 16,7 et 18,2 sur 30 pour PRIME et PRIME 2) et de sévérité des lésions nodulaires (100% des patients ayant un score IGA PN-S de 3 ou 4 sur une échelle de 0 à 4).
Le taux de patients atteignant le critère principal était plus élevé sous dupilumab que sous placebo, à la 24e semaine (PRIME 60,0% vs 18,4%, p< 0,001) comme à la 12e semaine (37,2 vs 22,0% dans PRIME2, p=0,022). La significativité de la différence entre les groupes dupilumab et placebo était atteinte dès la 4e (PRIME) ou 5e semaine (PRIME2).
Parmi les critères secondaires, l’amélioration du score IGA PN-S permettant d’atteindre la guérison de toutes ou quasi-toutes (≤5 nodules) les lésions était de 48,0% contre 18,4% à l’issue de PRIME et de 44,9% contre 15,9% à l’issue de PRIME2 (p significatif).
Le taux de patients nécessitant un traitement de secours a été significativement moins élevé dans les groupes dupilumab (6,7% vs 21,1% et 7,7% vs 24,4%). La qualité de vie, la qualité du sommeil, les scores de dépression et d’anxiété étaient améliorés à l’issue des deux études dans le groupe dupilumab.
La tolérance était comparable à celle décrite dans l’indication de dermatite atopique.
Financement
Ces deux études ont été sponsorisées par Sanofi et Regeneron Pharmaceuticals.
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