Dupilumab : bientôt une nouvelle option de traitement dans l’asthme modéré à sévère

  • Rabe KF et al. and Castro M et al.
  • NEJM

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

Selon deux essais contrôlés randomisés parus dans le New England Journal of Medicine, le dupilumab, un anticorps monoclonal dirigé contre le récepteur à l’interleukine 4, peut apporter des bénéfices dans le traitement de l’asthme sévère.

Dans un premier essai, Castro et collaborateurs ont inclus des patients souffrant d’asthme modéré à sévère mal contrôlé malgré la prise d’un traitement standard. Les résultats indiquent que ces patients ont moins d’exacerbations lorsque le dupilumab (200 ou 300 mg SC toutes les 2 semaines) est ajouté à leur traitement par comparaison à un placebo et que leur VEMS est amélioré.

Dans le second article, Rabe et collaborateurs se sont intéressés aux patients souffrant d’asthme sévère et nécessitant un traitement continu par corticoïdes oraux. Ils montrent que l’ajout du dupilumab au traitement usuel permet de conserver le contrôle de l’asthme tout en réduisant les doses de corticoïdes. Le nombre d’exacerbations a pu être réduit par comparaison au placebo et la fonction pulmonaire (VEMS) améliorée. Au sein des deux populations étudiées, les patients qui avaient un nombre d’éosinophiles plus élevé (≥300 cellules/mm3) semblaient tirer davantage de bénéfices de ce nouveau traitement.

Le dupilumab a déjà reçu une AMM aux Etats-Unis et une ATU en France dans la dermatite atopique. Un enregistrement en tant que traitement d’entretien complémentaire dans l‘asthme modéré à sévère chez les adultes et adolescents de plus de 12 ans est actuellement en cours auprès de la FDA et de l’EMA.

Pourquoi est-ce important ?

Trois anticorps monoclonaux dirigés contre l’inflammation de type Th2 ont été récemment approuvés en France comme traitement d’entretien complémentaire dans l’asthme sévère à éosinophiles. « Ils constituent une avancée majeure dans le traitement de l’asthme sévère » a déclaré Jeffrey Drazen dans l’éditorial paru simultanément dans le New England Journal of Medicine. Le dupilumab, un nouvel anticorps monoclonal dirigé contre la sous-unité alpha du récepteur à l’interleukine 4 et qui inhibe les voies de signalisation des interleukines 4 et 13 est actuellement en cours d’évaluation dans cette indication aux États-Unis et en Europe, et pourrait bientôt rejoindre l’arsenal thérapeutique contre l’asthme. Ces deux essais contrôlés randomisés viennent d’évaluer son efficacité et sa sécurité dans l’asthme modéré à sévère mal contrôlé, ainsi que dans l’asthme sévère chez des patients sous corticoïdes systémiques.

Un meilleur contrôle dans l’asthme modéré à sévère

  • Dans un premier essai, Castro et collaborateurs ont inclus 1.902 patients âgés d’au moins 12 ans et souffrant d’asthme modéré à sévère mal contrôlé. Ces sujets ont été randomisés pour recevoir un traitement complémentaire de dupilumab (dose de charge de 400 ou 600 mg, puis 200 ou 300 mg SC) toutes les deux semaines ou un placebo durant 52 semaines.
  • Le taux annualisé d’exarcerbations sévères a été de 0,46 [IC95% :0,39-0,53] chez les patient ayant reçu 200 mg de dupilumab contre 0,87 [0,72-1,05] sous placebo, soit une réduction de 47,7% (p<0,001). Et la fonction pulmonaire mesurée par le VEMS prébronchodilatateur s’est améliorée de 0,32 litres à 12 semaines. 
  • Des résultats similaires ont été retrouvés avec des doses plus élevées (300 mg de dupilumab toutes les deux semaines).
  • Les effets indésirables observés au cours de la période étudiée ont été comparables dans les groupes intervention et placebo.

Une amélioration chez les patients souffrant d’asthme sévère et sous corticoïdes systémiques

  • Dans un second essai, Rabe et collaborateurs ont inclus 210 sujets souffrant d’asthme sévère et prenant des corticoïdes par voie orale. Ces sujets ont été randomisés pour recevoir un traitement par dupilumab (dose de charge de 600 mg puis 300 mg toutes les 2 semaines) en plus de leur traitement usuel durant 24 semaines (n=103) ou un placebo (n=107). Après inclusion, les doses de corticoïdes étaient ajustées à la baisse de la 4semaine jusqu’à la 20e, puis maintenues à doses stables durant 4 semaines.
  • Le pourcentage de réduction des doses de corticoïdes a été plus important (-70,1%) dans le groupe dupilumab par rapport au placebo (-41,9%) (p<0,001). Et 80% des sujets ont pu réduire leurs doses de corticoïdes d’au moins 50% contre 50% dans le groupe placebo. Près de la moitié d’entre eux (48%) ont pu arrêter les corticoïdes oraux vs 25% dans le groupe placebo.
  • Les taux d’exacerbations sévères ont été réduits de 59% sous dupilumab vs placebo et leur fonction pulmonaire s’est améliorée (+0,22 litre vs placebo).
  • Dans les deux essais, le taux annualisé d’exacerbations sévères s’est montré davantage réduit vs placebo, chez les patients qui présentaient un taux élevé d’éosinophiles à l’inclusion (≥300/mm3).

Méthodologie

L’essai contrôlé randomisé de Castro et collaborateurs a inclus des sujets de 12 ans ou plus disposant d’un diagnostic d’asthme persistant modéré à sévère depuis 12 mois ou plus.

Dans un essais de phase 3, randomisé, contrôlé et en double aveugle, Rabe et collaborateurs ont inclus des sujet de 12 ans et plus souffrant d’asthme depuis au moins un an et devant prendre des corticoïdes par voie orale en continu. Les doses de corticoïdes étaient ajustées sur une période de 3 à 10 semaines avant l’inclusion et au cours des 4 premières semaines post-inclusion. Puis durant les 16 semaines suivantes, les doses de corticoïdes étaient réduites toutes les 4 semaines. Les doses atteintes en semaine 20 étaient maintenues au cours des 4 dernières semaines.

Financement

Les deux essais ont été financés par Sanofi.