Du rôle de la peau dans la balance hydrosodée aux implications thérapeutiques

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

La balance hydrosodée est classiquement placée sous l’influence directe de la fonction rénale. Des travaux récents ont décrit son rôle dans le stockage de sel non osmotiquement actif dans la peau et les muscles. Il pourrait être important de prendre plus systématiquement en considération le compartiment cutané, en complément des situations cliniques où son intérêt est déjà identifié (grands brûlés, médecine du sport). La Revue Médicale Suisse publie un article résumant les données disponibles.

Accumulation des arguments en faveur d’un rôle cutané significatif

À la suite d’une simulation de vol spatiale vers Mars, ayant imposé un régime plus ou moins riche en sel à un groupe d’astronautes durant 35 jours, deux constats ont été posés concernant le bilan hydrosodé : une grande variabilité interindividuelle de l’excrétion urinaire en sel pour un même apport quotidien, et un gain total en sodium supérieur au gain total en poids.

L’idée d’un stockage de sodium osmotiquement inactif dans la peau et les muscles a ensuite été confortée par l’imagerie (23Na-IRM couplée à l’1H-IRM) et par des modèles animaux. Le système immunitaire pourrait notamment jouer un rôle dans le stockage du sodium au niveau interstitiel. Ce stockage cutané pourrait augmenter avec l’âge, l’existence d’une HTA, d’une IRC terminale ou d’un hyperaldostéronisme primaire.

Mécanisme de régulation cutanée

Les glandes sudoripares présentent une structure dont la fonction est globalement comparable à celle du néphron : la sécrétion d’un liquide iso-osmotique a lieu dans leur partie proximale, à l’image de la filtration glomérulaire, tandis qu’un mécanisme de réabsorption électrolytique (sodium, potassium) existe au niveau de leur canal distal. Le volume de sueur quotidien est de 250 mL mais il peut augmenter jusqu’à 10 L en cas de température ou d’activité physique extrêmes.

Chez le sujet normal, la sueur qui comporte sodium, potassium, chlore, calcium, phosphore ainsi qu’urée et créatinine, est hypo-osmotique mais certains de ces composés ont une concentration supérieure chez l’insuffisant rénal (urée, déchets azotés, certains électrolytes).

De la clinique à la thérapeutique

La stimulation de la transpiration pourrait constituer une alternative thérapeutique nouvelle en parallèle de la prise en charge habituelle des insuffisants rénaux ou des insuffisants cardiaques chroniques : des données préliminaires laissent entendre que les premiers bénéficieraient d’une diminution de la surcharge volémique, les seconds d’une augmentation de la production de NO et/ou d’une diminution du peptide natriurétique B. Cette stimulation a été envisagée dans les études via une exposition régulière au sauna, dont les effets physiologiques sont déjà décrits (augmentation du rythme cardiaque, du débit cardiaque et de la respiration) ou encore via la prise de bains chauds dans une étude dédiée aux hémodialysés.

Ces données restent bien évidemment préliminaires. De prochaines études dédiées devront prendre en considération les contre-indications déjà établies d’une exposition au sauna (maladie cardiovasculaire instable, évènement cardiovasculaire récent, hypotension orthostatique) et la contre-indication du refroidissement rapide post-séance, décrit comme étant à risque d’arythmie ventriculaire ou supraventriculaire, chez les sujets présentant une maladie cardiovasculaire.