Du regroupement monoprofessionnel à la coordination pluriprofessionnelle
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
Il est devenu d’usage, et souvent pour s’en féliciter, de constater l’engouement des médecins pour l’exercice en groupe, surtout de la part des plus jeunes : en 2016, presque 70% des spécialistes de moins de 40 ans, et début 2019, 81% des généralistes de moins de 50 ans exerçaient en groupe. La plupart du temps, ces regroupements sont monoprofessionnels et dans des cabinets de taille modeste. Ainsi, dans 57% des cas, les regroupements de généralistes n’incluent aucune autre spécialité ou profession de santé et n’ont que trois équivalents temps plein par cabinet. Dans 6% des cas, ils comportent un ou des spécialistes hors médecine générale, dans 21% des cas une ou des infirmières. Les autres professions de santé elles-mêmes se regroupent de plus en plus, mais encore de façon limitée (en 2015, 40% des masseurs-kinésithérapeutes et 38% des infirmières).
Si ces exercices regroupés ont d’incontestables effets positifs, que ce soit en termes logistiques (par exemple, mise en commun du secrétariat) ou professionnels (par exemple, participation accrue à la formation continue), ils sont loin de pouvoir répondre aux principaux enjeux de notre système de santé, relève Michel Varroud-Vial, conseiller à la DGOS (Direction générale de l’offre de soins), dans un article de la revue ADSP (Actualités et dossiers en santé publique), éditée par le HCSP (Haut Conseil en santé publique) : transition démographique et pathologique, qualité des soins, disponibilité des médecins.
Pour lui, leur principale limite est qu’ils n’ont que très rarement un projet de santé répondant “ à la matrice “ formulée par la HAS (Haute Autorité de santé) : protocoles pluriprofessionnels, partage du système d’information, accès aux soins, implication des patients. La mise en œuvre de cette matrice n’est possible que si l’exercice est non seulement regroupé et pluriprofessionnel, mais aussi coordonné.
En France, il existe quatre formes de coordination : les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), à statut libéral, les centres de santé, à statut salarié, les équipes de soins primaires, qui ne sont que quelques dizaines concentrées dans quelques régions, et les CPTS (Communauté professionnelles de territoires de santé), très souvent liées aux formes précédentes. Actuellement, seuls 13% des généralistes sont engagés dans un exercice en équipe de soins coordonnés.
Pour Michel Varroud-Vial, l’adaptation du système de santé impose, entre autres, une condition supplémentaire : la délégation d’actes et d’activités entre médecins et autres professionnels de santé, en particulier entre généralistes et infirmières de ville, dans des protocoles formalisés de coopération. Même en tenant compte du relatif succès du protocole Asalée (Action de santé libérale en équipe) et des protocoles de la filière visuelle entre ophtalmologistes et orthoptistes, « ces coopérations restent anecdotiques. » Le constat est amer seize ans après que le rapport Berland ait mis en valeur les premières expérimentations de coordination pluriprofessionnelle. Michel Varroud-Vial fonde ses espoirs sur « le déploiement de protocoles nationaux sous le pilotage d’un Comité national des coopérations travaillant en association avec les équipes de soins volontaires et les Conseils nationaux professionnels », prévu dans un projet de loi.
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