Drogue : des alternatives difficiles à la politique de répression
- Serge Cannasse
- Actualités professionnelles
En 1971, le Président américain Richard Nixon lançait la « guerre contre la drogue », fondée essentiellement sur la répression et largement adoptée internationalement. Son échec est aujourd’hui avéré. Cependant, la plupart des pays ont de grandes difficultés à adopter une stratégie alternative. C’est pourquoi un groupe d’anciens présidents, chefs de gouvernement et hauts responsables d’organisations internationales ont fondé en 2011 la Commission globale. Sa présidente actuelle, Ruth Dreifuss, ancienne Présidente de la Confédération Suisse, a expliqué à l’Institut Montaigne, les cinq priorités qui devraient guider les politiques publiques en matière de drogue.
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La première porte sur la protection des usagers par des mesures de réduction des risques, par exemple le développement de traitements de substitution, l’information basée sur des données scientifiques, notamment pour lutter contre les préjugés, l’approvisionnement en seringues propres, l’analyse des substances achetées, des services psychologiques, médicaux et sociaux.
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La seconde vise à favoriser l’accès aux soins palliatifs et antalgiques, fortement compromis par la prohibition de nombreuses substances. Ainsi seules 14% des patients en ayant besoin en bénéficient réellement, surtout dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
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La troisième est de dépénaliser la consommation individuelle et ses actes préparatoires. Elle est justifiée par l’engorgement du système carcéral de nombreux pays et par les bons résultats obtenus dans les pays ayant adopté cette dépénalisation. Avec un des taux d’incarcération les plus élevés d’Europe, la France fait figure de contre-exemple : 105 pour 100.000 habitants, dont 20% de détenus concernés par les lois sur les stupéfiants.
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La quatrième est de concentrer le combat judiciaire contre « les élites du crime organisé » plutôt que de s’en prendre aux petits délinquants et aux consommateurs. La Commission préconise des mesures sociales pour les petits dealers, la mise en place d’une police de proximité ayant la confiance de la population et la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent.
- Enfin la cinquième préconise la régulation des substances psychoactives par les États, modulées selon leur dangerosité. Les mesures prises doivent faire l’objet d’évaluations scientifiques.
Pour Ruth Dreifuss, le crack pose des problèmes particuliers car on ne dispose pas de produit de substitution. Les expérimentations conduites en France sur des lieux de consommation supervisée sont prometteuses, mais se heurtent aux résistances tant des riverains que des responsables politiques. Il est essentiel de les inclure dans une politique de prise en charge plus large, incluant offre sociale et accompagnement, à l’image du modèle portugais. En définitive, les États doivent comprendre que les dépendances aux substances psychoactives sont « des maladies chroniques nécessitant prévention, soins et accompagnement. »
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