Douleurs neuropathiques périphériques liées aux traitements du cancer du sein : la capsaïcine a-t-elle sa place ?

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

Une étude française montre l’intérêt d’utiliser les patchs à la capsaïcine en première intention chez les sujets présentant des douleurs neuropathiques après prise en charge d’un cancer du sein.

  • 7 sujets sur 10 étaient fortement soulagés ou totalement soulagés de leurs douleurs neuropathiques dans l’année qui suivait la mammectomie,
  • La moitié des individus étaient tout autant soulagés, que leurs douleurs neuropathiques soient survenues après une chimiothérapie ou radiothérapie.

 

Pourquoi est-ce important ?

Entre 41% et 74% des personnes traitées pour cancer du sein souffrent de douleurs chroniques. Ces douleurs sont souvent mixtes, incluant une composante nociceptive et neuropathique, et une origine locale et/ou centrale. Les causes de ces douleurs sont multiples : le cancer lui-même, les traitements du cancer ou encore les comorbidités. Les données de la littérature concernant l’usage des patchs à la capsaïcine à forte concentration chez les patients souffrant de douleurs neuropathiques périphériques en lien avec un cancer du sein sont limitées. D’où l’intérêt de cette étude.

 

Méthodologie

Cette étude observationnelle a été réalisée au sein du département d’anesthésie et de douleur de l’Institut de cancérologie de l’Ouest (Angers) qui au démarrage de l’étude avait déjà 4 ans d’expérience d’utilisation des patchs à la capsaïcine. Elle a évalué l’efficacité et la sécurité d’emploi des patchs à la capsaïcine à forte concentration chez des individus souffrant de douleurs neuropathiques périphériques atteints de cancer du sein ou ayant eu un cancer du sein. Les données proviennent de toutes les personnes traitées entre le 1erjanvier 2014 et le 14 octobre 2020.

 

Principaux résultats

Au global, 279 patients (99,3% de femmes, âge moyen 59,2 ans, 24% avaient de l’hypertension) ont été inclus dans les analyses. Sur l’ensemble des patients, 54% avaient des antécédents traitements pour douleurs neuropathiques périphériques à l’inclusion :  19% des antidépresseurs, 17% des opioïdes.

Au moment de l’application des patchs à la capsaïcine, 73% recevaient au moins un traitement concomitant pour leurs douleurs neuropathiques. Sur l’ensemble de la population, 69% ont reçu des patchs à la capsaïcine pour non-contrôle des douleurs neuropathiques par un traitement systémique, 28% en monothérapie sur décision de leur médecin et 3% en plus de leur traitement systémique dans l’objectif de réduire ou arrêter ce dernier. Dans 27,9% des cas, les patchs de capsaïcine constituaient le traitement de première ligne. Chaque patient a reçu entre 1 et 21 patchs (3 patchs en moyenne) et la durée médiane de traitement était de 67 jours [1-1.459]. 

Les douleurs neuropathiques étaient le plus souvent consécutives à une prise en charge du cancer, notamment par la chirurgie pour 62% des sujets, 12% post-chimiothérapie et 6,5% après radiothérapie. Plus de la moitié des patients se plaignaient de douleurs neuropathiques depuis plus d’un an (38,4% entre 1 et 5 ans), 13,6% depuis plus de 5 ans.

6% des sujets traités par patch à la capsaïcine ne constataient aucun soulagement.

Pour les patients qui ont déclaré des douleurs neuropathiques post-chirurgie, 71% d’entre eux étaient totalement ou fortement soulagés dans l’année qui suivait la chirurgie et 56% l’étaient dans au-delà de 10 ans.

Pour les patients qui ont déclaré des douleurs neuropathiques après une chimiothérapie ou radiothérapie, un soulagement total ou important était observé chez 53% dans l’année après la prise en charge du cancer et 52% le restaient au-delà de 10 ans.

L’usage de patch à la capsaïcine était associé à des réactions au site d’application chez 54% des individus (principalement des sensations de brûlure ou de douleur ou des érythèmes) et une augmentation de la pression artérielle chez 7,2%.

 

Principales limitations

Étude monocentrique.