Douleurs dorsales chroniques : efficacité d’une thérapie non médicamenteuse de retraitement de la douleur

  • Ashar YK & al.
  • JAMA Psychiatry

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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A retenir

  • Une thérapie de retraitement de la douleur menée durant 8 semaines permet de réduire significativement l'intensité de la douleur dorsale chronique de façon plus importante qu’un placebo ou que le maintien des soins usuels.

 

Des chercheurs ont souhaité développer une approche non médicamenteuse visant à déconstruire les mécanismes de renforcement de la douleur chronique. Ceux-ci, motivés par la crainte de dommages tissulaires, favorisent l’interprétation de stimuli somatosensoriels inoffensifs comme douloureux. Ces menaces peuvent accroître la sensation douloureuse, qui favorise à son tour une boucle de rétroaction positive qui conduit au maintien de la douleur. L’approche vise à expliquer ces mécanismes au patient et les déconstruire. Pour l’évaluer, les chercheurs l’ont comparée à une infiltration leurre ainsi qu’à une prise en charge usuelle du patient.

Méthodologie

L’étude a été conduite dans un établissement américain auprès de patients de 18 à 70 ans ayant un mal de dos chronique au moins un jour sur deux depuis au moins 6 mois, avec une intensité moyenne de 4 sur 10. Ils avaient eu une IRM fonctionnelle à l’inclusion puis durant le suivi afin d’évaluer l'imagerie lors de douleurs dorsales spontanées et évoquées.

La randomisation des participants a été faite en trois groupes : soins usuels, injection SC d’une solution saline présentée comme un placebo après information sur l’effet placebo, et thérapie de retraitement de la douleur (1 session à distance d’évaluation et d’éducation sur la contribution centrale et périphérique de la douleur, puis 2 séances individuelles hebdomadaire durant 4 semaines (réévaluation guidée des sensations douloureuses, approche psychosociale des évènements susceptibles d'amplifier la douleur, techniques visant à accroître les émotions positives…).

Principaux résultats

Au total, 154 patients (54% de femmes, 41 ans d’âge moyen) ont été recrutés et randomisés. Le score moyen de douleur à l’inclusion était compris entre 4,10 et 4,41 selon les groupes.

À l’issue de la session complète de traitement, le score moyen algique avait diminué significativement dans le groupe thérapie à 1,18 point, contre 2,84 et 3,13 dans les groupes placebo et soins usuels respectivement (p significatif dans les deux comparaisons).

A 12 mois, ces scores étaient globalement maintenus, avec respectivement 1,51 point dans le groupe thérapie, contre 2,79 et 3,00 dans les groupes placebo et soins usuels.

Au total, 73% des patients du groupe thérapie ont déclaré ne plus ressentir de douleur ou presque après le traitement. Celui-ci a également réduit la douleur dorsale évoquée expérimentalement et la douleur spontanée à l’imagerie fonctionnelle. L’évaluation de certains facteurs comme le handicap fonctionnel ont été déclarés comme plus largement améliorés dans ce groupe par rapport aux deux bras de comparaison.