Donner son sang est désormais possible quelle que soit son orientation sexuelle

  • Serge Cannasse
  • Actualités professionnelles
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Réclamée depuis longtemps par les associations du champ LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), la disparition de toute référence à l’orientation sexuelle dans les critères de sélection des candidats au don de sang a été actée par un arrêté gouvernemental du 12 janvier 2022. Elle sera effective à partir du 16 mars 2022. Le questionnaire rempli par tout postulant au don ajoute deux questions précisant que « la prise de traitements pré ou post exposition au VIH conduit à un ajournement du candidat pour une durée de 4 mois à compter de la dernière prise du traitement. » Enfin, la liste des médicaments dont l’utilisation entraîne un ajournement a été mise à jour.

Cet arrêté est le terme d’une évolution engagée depuis la parution de la circulaire de la Direction générale de la santé, le 20 juin 1983, qui énonçait les contre-indications formelles au don de sang. Parmi elles, on retrouvait le fait d’avoir des relations sexuelles avec des personnes du même sexe. Cette contre-indication avait été allégée une première fois par l’arrêté du 15 avril 2016, la remplaçant par une contre-indication de 12 mois après le dernier rapport sexuel, puis par l’arrêté du 17 décembre 2019, qui diminuait cette durée à 4 mois.

La décision actuelle intervient à la suite de deux enquêtes auprès des donneurs et des personnels de collecte portant sur les enjeux de compréhension, de perception du risque et d’acceptabilité du questionnaire de sélection des candidats au don de sang, ainsi que d’un avis du HCSP (Haut Conseil de santé publique) daté du 20 décembre 2020 en réponse à une demande du Directeur général de la santé.

Un risque extrêmement faible de contamination au VIH par un don du sang

Les rédacteurs de l’avis étaient partagés principalement entre deux scénarios, dont celui adopté par le Gouvernement et un autre préconisant le statu quo. Ils constataient en effet que « même en supprimant les questions relatives à l’orientation sexuelle du candidat donneur ou de son partenaire, » le questionnaire permettait « d'éliminer a priori des facteurs de risque communs aux HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes), aux bisexuels et aux hétérosexuels, » indépendamment de l’orientation de leurs pratiques sexuelles. De plus, la suppression de ces questions entraînerait vraisemblablement la multiplication du risque résiduel par au maximum un facteur 1,5, tout en restant inférieur à celui qui avait été calculé pour la période 2015-2017 (risque de contamination par le VIH de 1/6.000.000 de dons). Aujourd’hui, le risque qu’un don de sang soit potentiellement infecté par le VIH est le plus faible jamais constaté en France : 1/11.600.000 dons, soit un don tous les 4 ans en moyenne.

Plusieurs facteurs expliquent ce constat :

  • La surveillance épidémiologique des donneurs de sang montre que parmi eux, les taux de prévalence et d’incidence du VIH sont très faibles en comparaison de ceux de la population générale et qu’ils diminuent depuis le début des années 90.

  • Le statut sérologique des personnes infectées dans la population générale s’est amélioré.

  • La sensibilité des tests de dépistage a augmenté, aboutissant à diminuer par 5 la durée de la non détection du VIH après contamination.

Enfin, aussi bien les deux enquêtes mandatées par la DGS que l’enquête antérieure Complidon ont permis de montrer que la sincérité des réponses au questionnaire s’améliore quand les questions sont identiques pour tous les donneurs.