Données chiffrées sur la prise en charge des AVC aigus en pleine vague de COVID-19

  • Pop R & al.
  • Eur J Neurol

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir 

  • Une étude menée en Alsace met en évidence que l’incidence des AVC pris en charge en structure de soins spécialisée n’a pas varié entre mars 2020 et mars 2019.
  • En revanche moins de patients se sont présentés à l’hôpital durant la fenêtre thérapeutique.
  • Des mesures seront certainement à prendre pour corriger les effets délétères d’une prise en charge décalée dans le temps.

Pourquoi ces résultats sont intéressants ?

D’un côté la crainte de la contamination en milieu hospitalier et la diminution des interactions sociales ont pu jouer un rôle dans la diminution des déclarations de symptômes neurologiques lorsque ceux-ci étaient légers à modérés. D’un autre côté, la pression exercée sur le personnel soignant par le volume de patients à prendre en charge durant cette période a pu conduire à un triage un peu différent des sujets éligibles à un traitement en phase d’urgence. Ces données ont été recueillies au mois de mars 2020 (début de l’épidémie). Les résultats auraient peut-être été différents si les données avaient été recueillies plus tard durant l’épidémie.

Méthodologie

Cette étude rétrospective a été menée dans trois unités de prise en charge des AVC en région Alsace durant le mois de mars 2020. Les données recueillies – nombre de patients ayant déclenché une procédure d’alerte pour AVC, nombre d’admissions en unité de soins spécifique AVC - ont été comparées à la même période de l’année 2019. Des recueils de données plus larges – caractéristiques et diagnostic final - ont été réalisés sur le centre ayant le volume de patients le plus important,  celui de Strasbourg.

Principaux résultats

Les analyses ont mis en évidence les informations suivantes :

  • Le nombre de patients admis en unité spécifique de prise en charge des AVC est restée relativement stable entre mars 2019 et mars 2020 (-0,6%, 160 versus159 patients) ;
  • Les alertes pour AVC ont diminué de 39,6% entre les deux périodes (288 versus174) ;
  • Au regard du nombre de sujets admis pour AVC en unité de soins spécifiques, la proportion des patients ayant bénéficié d’une revascularisation en phase aiguë a été significativement plus faible entre mars 2019 et mars 2020 (31,8% versus 21,3%, p=0,034) ;
  • Aucune différence significative n’a été mise en évidence en ce qui concerne les délais de prise en charge pré- ou intra-hospitalier, le délai entre l’admission et l’imagerie ou la sévérité des symptômes des patients traités par thrombolyse intraveineuse ou thrombectomie mécanique ;
  • L’âge et la répartition des diagnostics finaux (maladie cérébro-vasculaire ou événement mimant un AVC (stroke mimic) n’ont pas été significativement différents entre les deux périodes d’évaluation. 

Limites

Étude limités à 31 jours, durant la phase précoce de l’épidémie par SARS-CoV-2 et sur des centres de soins particulièrement sollicités durant la pandémie. 

 

Le Dr Bertrand Lapergue, chef de service de Neurologie de l’hôpital Foch à Suresnes est intervenu sur les liens étroits entre COVID-19 et AVC lors d'un webinaire organisé par la Société Française de Neurologie (SFN), le Collège des Enseignants de Neurologie (CEN) et l’Association Nationale des Assistants et Internes de Neurologie de France (ANAINF).