Diversification alimentaire : ni trop tôt, ni trop tard

  • Serge Cannasse
  • Actualités Médicales
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Chez le nouveau-né, le microbiote intestinal est constitué pendant l’accouchement, par l’acquisition des bactéries de sa mère. Il est essentiellement composé de bifidobactéries et de lactobacilles. Le lait maternel en assure la croissance. Celle-ci est multipliée par dix ou cent au début de la diversification alimentaire. Des chercheurs de l’unité Microenvironnement et Immunité (Institut Pasteur/Inserm) ont montré que ce phénomène était accompagné d’une réponse immunitaire intense caractérisée par une importante présence de cellules Tregs (régulatrices des lymphocytes T effecteurs par leur action immunosuppressive), qui l’empêchent d’être excessive.

Autre point intéressant : cette exacerbation  immunitaire a lieu dans une fenêtre de temps bien spécifique, entre 2 et 4 semaines après la naissance chez les souriceaux, ce qui correspond approximativement à 3 et 6 mois chez les petits humains.

Les animaux qui reçoivent des antibiotiques pendant cette période n’ont pas de réponse immunitaire. Et, une fois adultes, ils sont davantage susceptibles de développer des allergies intestinales, un cancer colorectal ou des colites. Pour les chercheurs, « l’existence d’une fenêtre de temps déterminée indique que la réponse immunitaire est programmée dans le temps et possède de ce fait une fonction unique dans le développement du système immunitaire. » Ils en concluent qu’une diversification alimentaire précoce est essentielle au développement d’une immunité  équilibrée par l’intermédiaire du développement du microbiote. Pour eux, il est possible que celui-ci soit en cause dans l’apparition d’autres pathologies, par exemple les maladies neurodégénératives, objets de leurs prochains travaux. Quoi qu’il en soit, leur travail conforte la théorie hygiéniste qui avance que la réduction de l’exposition aux microbes aux premiers âges de la vie entraîne une augmentation de la sensibilité aux maladies allergiques et auto-immunes.