Dispositif Asalée : une typologie des coopérations généralistes-infirmières
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
Créé en 2004, le dispositif Asalée (Action de santé libérale en équipe) est un dispositif expérimental de coopération entre médecins généralistes libéraux et infirmières. Géré par une association de même nom, il bénéficie de financements spécifiques de la part du Ministère en charge de la santé et de l’Assurance maladie, dans le but d’améliorer la prise en charge de patients souffrant de certaines pathologies chroniques et d’épargner du temps aux médecins. Il repose sur une offre d’éducation thérapeutique (ETP) et la délégation dérogatoire de certains actes médicaux vers les infirmières. Ses effectifs s’élevaient en 2015 à près de 3.000 médecins et plus de 700 infirmières, répartis en 1065 binômes sur l’ensemble de la métropole.
Une équipe IRDES (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) - INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) en a effectué une analyse quantitative exploratoire à partir d’une enquête menée mi-2015 et ayant bénéficié d’un fort taux de participation (66% des binômes, 75% des médecins, 87% des infirmières).
Ils ont établi une typologie des binômes en 3 classes.
- La classe 1 (38% des effectifs) est constituée de binômes ayant une grande ancienneté et une activité Asalée intense, avec des infirmières à plein temps, axées sur l’ETP et les actes dérogatoires, exerçant dans un seul cabinet, le plus souvent situé dans un groupe pluri-professionnel et implanté dans des territoires défavorisés. Médecins et infirmières sont le plus souvent très satisfaits du dispositif (73%), les médecins parce qu’il améliore leurs conditions de travail (78%) et la prise en charge de leurs patients (51%). Ils s’accordent sur la fréquence élevée de leurs échanges formels et informels.
- La classe 2 (44% des effectifs) comporte des binômes plus récents et moins actifs exerçant dans des cabinets de groupe mono ou pluridisciplinaires et situés dans des territoires favorisés. Les infirmières sont plus souvent en temps partiel et travaillent dans plusieurs cabinets. Les médecins sont surtout motivés par l’amélioration de la qualité de la prise en charge des patients (93%) et par le gain de temps (84%). Ici aussi est relevée la fréquence élevée des échanges. Les infirmières passent plus de temps à la gestion des dossiers patients, à la formation et aux actions de développement que celles de la classe 1.
- La classe 3 (18% des effectifs) est celle des binômes en construction, dont l’activité Asalée est plus faible, avec des infirmières à temps partiel dont le temps de travail est moins orienté sur l’ETP et les actes dérogatoires. Ils exercent dans des cabinets pluri-professionnels installés dans des territoires relativement défavorisés. L’investissement des médecins est faible et l’importance des effets du dispositif est perçue comme modeste.
Pour les auteurs, la différence de perception des apports du dispositif entre les classes 2 et 3 tient à plusieurs éléments : dans la classe 2, la délégation des tâches et l’ETP ont été mis en œuvre plus rapidement, plus de patients ont été inclus dans des protocoles, les médecins travaillent avec une seule infirmière (avec plusieurs dans la classe 3) et les infirmières, pour la plupart salariées (libérales dans la classe 3), disposent d’un appui logistique plus fort (bureau dédié, implication du secrétariat).
Selon les auteurs, ces conclusions devraient faire réfléchir aux conditions de développement des coopérations entre généralistes et infirmières, notamment celles de pratique avancée.
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