Dispositif Asalée : nette amélioration du suivi des patients diabétiques de type 2

  • Serge Cannasse
  • Actualités professionnelles
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Le suivi des patients chroniques est un enjeu crucial des systèmes de santé. Ainsi en France, l’objectif de 80% des patients diabétiques de type 2 correctement suivis n’est pas atteint, sauf pour les indicateurs de suivi lipidique et de mesure annuelle de la créatininémie. Par exemple, en 2019, seuls 56% d’entre eux ont bénéficié d’au moins trois mesures de leur hémoglobine glyquée (HbA1c) dans l’année.

La littérature internationale a montré l’intérêt des coopérations entre médecins généralistes et infirmières de ville. En revanche, il persiste des incertitudes sur la forme que devraient prendre ces coopérations. En France, le dispositif Asalée, expérimental, a montré qu’il augmentait le nombre de patients suivis par les généralistes sans augmentation de leur temps de travail, ainsi que la qualité des soins et services délivrés. Ce dispositif a trois particularités :

  • L’infirmière Asalée réalise des activités en complémentarité ou en substitution de celles du médecin.

  • L’association Asalée est intermédiaire entre les médecins et les infirmières.

  • La coordination par les médecins est rémunérée et les infirmières mises à leur disposition sont payées par l’association, elle-même financée par des ressources publiques.

Les chercheurs de l’IRDES (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) suivent ce dispositif depuis sa création. Leur dernier travail porte sur l’impact du dispositif sur les objectifs de santé relatifs au diabète de type 2, en comparant d’une part, les patients « Asalée » à des patients témoins (18.310 patients au total, pour 435 médecins « Asalée » et 973 médecins « témoins ») et, d’autre part, parmi les patients Asalée, ceux dont les données de santé sont issues des fichiers de l’Assurance maladie (dits « en intention de traiter ») et ceux qui de plus ont accepté de participer à un protocole de soins (dits « per protocole »).

Globalement, la qualité du suivi s’améliore rapidement chez les patients « Asalée » et augmente avec le temps, notamment en ce qui concerne les mesures d’HbA1c, de microalbuminurie, et la réalisation d’ECG ou de consultation cardiologique. Elle est encore plus nette chez les patients « per protocole » : l’objectif de trois mesures d’HbA1c est atteint chez 75% d’entre eux en 2017, versus 53,8% chez les patients témoins. L’amélioration est comparable en ce qui concerne la microalbuminurie, un peu moins nette pour le fonds d’œil, la consultation chez l’ophtalmologue, et plus faible encore pour la réalisation d’un ECG, la créatininémie et le suivi lipidique, ce qui n’est pas surprenant pour ces deux derniers critères, dont on a vu qu’ils sont déjà bien réalisés dans la population générale des diabétiques de type 2.

Par ailleurs, les résultats sont d’autant meilleurs que la coopération entre médecin et infirmière est ancienne et prononcée (éducation thérapeutique et réalisation d’actes dérogatoires par l’infirmière).

Les auteurs de l’étude estiment qu’il serait intéressant de comparer le dispositif Asalée avec celui des infirmières en pratique avancée, actuellement en cours de développement.