Disparités européennes autour du vieillissement en bonne santé

  • Schietzel S & al.
  • BMC Geriatr

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

La proportion de sujets âgés de plus de 70 ans vieillissant en bonne santé est hétérogène selon les pays. D’après les données de l’étude DO-HEALTH, le Portugal a le taux le plus faible parmi les 5 pays étudiés, ce qui semble lié à des différences de statuts socio-économiques, tandis que les autres pays dont le niveau est plus proche, montrent aussi des disparités : ainsi, ce chiffre était de 58,3% en Autriche contre 36,7% en France, une différence qui persistait après ajustement sur le niveau socio-économique.

Le vieillissement en bonne santé diminue significativement avec l'âge, passant de 47,6% à 38,7% entre les 70-74 ans et les 75-79 ans, et chutant à 24,6% chez les plus de 80 ans. De façon attendue, indépendamment du pays, la prévalence du vieillissement en bonne santé est liée à l’âge, à un IMC plus faible, au sexe féminin et à une meilleure fonction physique. Le niveau d'éducation, les antécédents de chutes et la force de préhension n'étaient en revanche pas associés à ce vieillissement.

Pourquoi est-ce important ?

On estime qu’entre 2015 et 2050, la population âgée de 65 ans et plus devrait augmenter en Europe. En France, elle passerait de 18,9% à 27,8% de la population totale. Dans son sillage, le nombre de personnes souffrant de maladies chroniques liées à l'âge va augmenter. Identifier les paramètres du vieillissement en bonne santé peut aider à sa promotion sur le plan individuel et de la santé publique. Cette condition reste difficile à définir étant donné son caractère multidimensionnel. Parce qu’il n'existe pas de consensus sur une définition précise, les données sont variables selon les études. Les investigateurs de l’étude DO-HEALTH ont choisi celle déterminée dans le cadre de la Nurses' Health Study (NHS). Elle permet d’avoir un référentiel commun pour comparer des données au plan international ou interrégional.

Méthodologie

DO-HEALTH est une étude d’intervention en double aveugle randomisée contrôlée dont l’objectif était d’évaluer une approche préventive permettant de maintenir des séniors en bonne santé (lien). Elle a recruté des personnes de 70 ans et plus et vivant à domicile, qui n’avaient pas eu d'événements de santé majeurs dans les 5 années précédentes, avaient un score cognitif MMSE d'au moins 24 et une mobilité suffisante pour se rendre au centre d'étude dans cinq villes européennes (Genève, Zurich, Bâle, Innsbruck, Toulouse, Coimbra).

Le vieillissement en bonne santé est défini par 4 domaines : pas de maladies chroniques majeures, pas d'altération de la fonction cognitive (score ≥25 au questionnaire MoCA), pas de limitations en santé mentale (score < 2 points dans le questionnaire court de l'échelle de dépression gériatrique GDS-5 et pas de diagnostic de dépression) et pas d'incapacité majeure (pas de limitation dans les activités simples et pas de limitation importante dans les activités plus complexes).

Principaux résultats

Au total, l’analyse a été menée à partir des données de 2.123 participants (61,5% de femmes, âge moyen 74,9 ans).

Au total, 41,8% des participants remplissaient les quatre conditions, avec un chiffre maximal en Autriche (58,3%), suivi de la Suisse (51,2%), de l'Allemagne (37,6%) puis de la France (36,7%), la prévalence chutant à 8,8% au Portugal. Après ajustement en fonction de l'âge, l'Autriche et la Suisse sont restées les pays où la prévalence du vieillissement en bonne santé est le plus élevé.

L’analyse multivariée après ajustement montre qu’un âge plus jeune, le sexe féminin, un IMC plus faible, une vitesse de marche plus rapide et un temps plus court dans le test assis-debout étaient indépendamment associés à un vieillissement en bonne santé.

Selon les calculs réalisés, les participants avaient 5% de chances en moins d'être en bonne santé pour chaque année d'âge supplémentaire (OR 0,95 [0,93 à 0,98], p=0,0001) et avaient 6% de chances en moins pour chaque point d'IMC supplémentaire (OR = 0,94 [0,91 à 0,96], p< 0,0001). Et, par rapport aux hommes, les femmes avaient 36% de chances supplémentaires d'être en bonne santé (OR = 1,36 [1,03 à 1,81], p=0,0319). Le nombre d'années d'études, les chutes antérieures et la force de préhension n'étaient pas associés de manière indépendante au vieillissement en bonne santé.