Diminution de 42% des risques de saignements majeurs sous AOD versus AVK chez les sujets âgés

  • Patti G & al.
  • Am J Med

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir

L'étude de plusieurs registres montre que par rapport à des sujets sous AVK, l’utilisation d’AOD (anticoagulants oraux d’action directe) serait associée à une plus faible incidence de saignements majeurs chez les patients de ≥75 ans souffrant de fibrillation atriale. La prévention des évènements cardiovasculaires semblerait également plus importante sous AOD. Ces constats contribuent à enrichir les preuves montrant certains bénéfices des AOD versus les AVK chez les sujets de ≥75 ans.

Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?

Chez les sujets qui souffrent de fibrillation atriale, les risques thromboemboliques et hémorragiques augmentent avec l’âge. Dans ce contexte, la HAS recommande les anticoagulants oraux en prévention des accidents thrombo-emboliques, notamment les antivitamines K (AVK) en cas de fibrillation atriale valvulaire ou non valvulaire, et les AOD en cas de fibrillation atriale non valvulaire, lorsque celle-ci est associée à au moins un des facteurs de risque thrombo-embolique1. L’étude BAFTAa démontré que par rapport à l’aspirine, la warfarine réduisait les complications thrombo-emboliques liées à la fibrillation atriale chez les sujets ≥75 ans, sans pour autant augmenter le risque hémorragique. Le bénéfice des anticoagulants oraux sur le risque thromboembolique (au regard des risques hémorragiques) a été récemment confirmé par des données observationnelles chez les 85 ans et plus avec fibrillation atriale3,4. Pourtant les AVK restent sous-utilisés chez les sujets âgés par crainte du risque hémorragique. D'où l'intérêt des résultats présentés ici.

Méthodologie

Les données de 3.825 sujets âgés issues de deux registres européens, PREFER in AF et PREFFER in AF PROLONGATION, ont été poolées pour comparer le bénéfice clinique net sous AOD versus AVK sur un suivi d’un an.

Principaux résultats

Sur l’ensemble des 3.825 sujets de 75 ans et plus inclus, 2.269 étaient sous AVK et 1.556 sous AOD. Le suivi moyen a été de 12 mois. L’incidence du critère principal d’évaluation (saignements majeurs et événements cardiovasculaires ischémiques – syndrome coronarien aigu, revascularisation coronarienne, AVC, AIT, événement embolique systémique) était significativement inférieure sous AOD que sous AVK : 6,6 versus 9,1/100 patients-années. Ainsi le risque de saignements majeurs ou d’évènements cardiovasculaires ischémiques était diminué de 29% chez les sujets sous AOD par rapport aux sujets sous AVK (odds ratio (OR) 0,71 [0,51-0,99], p=0,042).

Par rapport aux sujets traités par AVK, ceux sous AOD étaient associés à une diminution de l’incidence des saignements majeurs de 42%, principalement non gastro-intestinaux, et sans pour autant que les hémorragies gastro-intestinales n’aient augmenté (OR ajusté 0,78 [0,50-1,21], p=0,26). Le taux d’évènement cardiovasculaire ischémique était également plus faible sous AOD (4,1 versus 5,8/100 patients-années, ORa 0,71 [0,51-1,00], p=0,050), phénomène majoritairement influencé par la diminution des évènements cardiaque (syndrome coronarien aigu ou revascularisation coronarienne, ORa 0,63 [0,42-0,97], p=0,045), mais sans différence nette pour les autres complications vasculaires, telles que l’AVC, l’AIT, l’embolie systémique.

Principales limitations

Aucune donnée concernant l’observance et son maintien dans le temps n’était disponible, ni des données sur le contrôle de l’INR pour les patients sous AVK.