Diagnostic et prise en charge des lésions pulmonaires aiguës associées au vapotage

  • Kalininskiy A & al.
  • Lancet Respir Med

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Le Lancet Respiratory Medicine publie une série de 12 cas de patients admis aux urgences pour des lésions pulmonaires associées au vapotage (LPAV), ainsi qu’un algorithme clinique pour l’évaluation diagnostique et la prise en charge de ces patients.
  • Lors de l’admission, ces sujets présentaient une insuffisance respiratoire, des symptômes gastro-intestinaux, des opacités pulmonaires bilatérales à l’imagerie thoracique et la présence de marqueurs d’une inflammation systémique, dans un contexte d’exposition au vapotage.
  • La plupart de ces patients avaient utilisé des produits à base de cannabis ou d’huile de cannabis.
  • Les symptômes et les résultats d’imagerie pulmonaire se sont rapidement améliorés en une à deux semaines suivant l’arrêt du vapotage et l’administration de corticoïdes systémiques pour les cas les plus sévères. 

 

Depuis juin 2019, 1.888 cas de LPAV ont été documentés par des professionnels de santé aux États-Unis. Le tableau clinique va de la dyspnée légère à une détresse respiratoire hypoxémique nécessitant le recours à une ventilation mécanique. Trente sept décès ont été enregistrés. Ces cas de LPAV ont pu être associés à l’usage de la cigarette électronique et notamment à l’usage d’une grande variété de liquides à base de tétrahydrocannabinol (THC) suscitant la réaction des autorités de santé et des pouvoirs publics. Une équipe de l’hôpital de Rochester a analysé de façon rétrospective une série de 12 cas de LPAV, en s’attachant plus particulièrement à l’évaluation diagnostique et à la prise en charge de ces patients. Ses résultats viennent de paraître dans le Lancet Respiratory Medicine.

Tableaux cliniques à l’admission aux urgences

Ces 12 sujets s’étaient présentés à l’University of Rochester Medical Center entre le 1er juin et le 15 septembre 2019, avec une insuffisance respiratoire d’origine inconnue, un historique de vapotage. L’âge médian de ces patients était de 27 ans et 58% étaient des hommes. 

La reconnaissance d’une LPAV était définie par une dyspnée ou une toux, ou bien des symptômes gastro-intestinaux comme des vomissements, en lien avec un usage du vapotage au cours des 30 derniers jours, et une opacification alvéolaire bilatérale à l’imagerie thoracique. 

Tous ces sujets avaient eu des symptômes gastro-intestinaux puis respiratoires environ une semaine avant leur admission à l’hôpital. Lors de leur arrivée aux urgences, la plupart (11/12) présentaient des opacifications alvéolaires à l’imagerie pulmonaire sans antécédent de lésion pulmonaire connu. Dix d’entre eux étaient dyspnéiques, disaient avoir de la fièvre et avaient eu des vomissements. Une toux était présente dans 9 cas sur 12, 10 avaient des marqueurs inflammatoires élevés et 8 avaient une insuffisance respiratoire ayant nécessité une ventilation mécanique en soins intensifs. La quasi-totalité des patients (11/12) a rapporté avoir utilisé des produits à base d’huile de THC. Mais aucun n’avaient de résultats biologiques laissant suspecter une infection et par ailleurs, aucun décès n’a été enregistré.

Une amélioration après arrêt du vapotage et corticostéroïdes systémiques

Sur le plan de la prise en  charge, 8 patients ont nécessité des corticostéroïdes par intraveineuse (40 mg de méthylprednisolone toutes les 6 à 12h le plus souvent). Tous ont pu sortir après 7 jours d’hospitalisation et récupérer en 1 à 2 semaines suivant l’admission sur le plan clinique et radiologique, après arrêt du vapotage et administration de corticoïdes systémiques lorsque nécessaire.

Création d’un algorithme

L’ensemble de ces données a servi à la création d’un algorithme de diagnostic et de prise en charge similaire à celui déjà établi par le CDC, mais prenant en compte un usage du vapotage dans le mois précédant l’admission et non dans les 90 derniers jours, de façon à minimiser le risque de faux diagnostic. En cas de doute concernant l’exposition au vapotage ou l’imagerie thoracique, les chercheurs recommandent un bilan infectieux et des tests d’auto-immunité. Durant la phase initiale du diagnostic, un traitement antibiotique empirique est préconisé, en particulier en cas de recours à une assistance respiratoire.