Diabétiques, des patients plus vulnérables que les autres durant les fortes chaleurs
- Lam HCY & al.
- PLoS Med
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
Cette étude rétrospective de séries chronologiques chinoise montre que les admissions pour infarctus aigu du myocarde (IAM) augmentent de façon notable lorsque les températures atteignent des plages extrêmes (hautes et basses), et ceci de façon plus importante chez les sujets diabétiques que les sujets non diabétiques. Durant la saison froide, les admissions pour IAM augmentent plus rapidement avec la baisse des températures chez les patients diabétiques que chez les non-diabétiques, en particulier chez les moins de 75 ans, les hommes, et en cas de première admission pour IAM. Durant la saison chaude, ce risque augmente au-delà de 28,8°C chez les diabétiques, mais pas chez les non diabétiques, avec là aussi une plus forte sensibilité des moins de 75 ans diabétiques. Il semble donc qu’au-delà de ce seuil, la sensibilité à la chaleur soit indépendante du statut diabétique. D’autres études sont attendues pour examiner ces associations sous des climats différents.
Pourquoi cette étude a-t-elle été réalisée ?
Les infarctus aigus du myocarde représentent la principale cause de décès chez les personnes diabétiques et ces événements ont tendance à se produire davantage lorsque les températures sont très élevées ou au contraire très basses. Étant donné la prévalence de cette pathologie et l’augmentation régulière des températures, des chercheurs de l’Université de Hong Kong ont voulu mesurer l’excès de risque de mortalité chez les sujets diabétiques durant les périodes de fortes chaleurs.
Méthodologie
Cette étude rétrospective a analysé l’association à court terme entre les températures moyennes journalières et les admissions hospitalières pour IAM dans tous les hôpitaux publics de Hong Kong entre 2002 et 2011, avec une stratification des patients selon leur statut diabétique. Les conditions météorologiques (humidité, rayonnement solaire, vitesse du vent, pluviométrie) et la pollution atmosphérique (taux de particules en suspension, SO2, N02et ozone) étaient également prises en compte.
Résultats
- Au total, 53.769 IAM ont été enregistrés durant la période de l’étude, 30,8% chez des patients diabétiques. Il s’agissait le plus souvent d’hommes (61,7%) âgés de 75 ans ou plus (48,9%).
- Chez les patients diabétiques, les admissions pour IAM augmentaient fortement avec la baisse des températures durant la saison froide. Par rapport à une température de 24°C, une température de 12°C augmentait le risque relatif cumulé d’IAM dans les 22 jours suivants, davantage chez les diabétiques (2,10 [1,62-2,72]) que chez les non diabétiques (1,43 [1,21-1,69]). Le rapport des risques relatifs (RRR, diabétiques vs non diabétiques) était globalement de 1,46 [1,07-1,99].
- Cette différence de sensibilité aux basses températures entre diabétiques et non diabétiques apparaissait de façon plus marquée chez les moins de 75 ans, chez les hommes diabétiques et en cas de première admission pour IAM.
- Durant la saison chaude, l’association entre température et IAM affichait une courbe en U, indiquant une morbidité minimale à 28,8°C. Lorsque la température augmentait au-delà de ce seuil, le risque augmentait le jour même et persistait durant 4 jours. Par exemple, par rapport à 28,8°C, une augmentation de la température à 30,4°C était associée à un surrisque d’IAM chez les diabétiques (RR de 1,14 [1,00-1,31]), mais pas chez les non-diabétiques (RRR 1,00 [0,91-1,10]). Comme en saison froide, le surrisque d’admission pour IAM chez les patients diabétiques apparaissait surtout chez les sujets de moins de 75 ans (RRR 1,33 [1,07-1,34-1,67]), mais ne variait pas pour d’autres paramètres (sexe, première admission pour IAM).
- Lorsque la température diminuait en dessous des 28,8°C, un surrisque d’IAM (RR) apparaissait chez les diabétiques vs non diabétiques, mais de façon non significative.
Limitation
Les données concernant l’exposition à la température des sujets hospitalisés pour IAM n’étaient pas disponibles.
Par ailleurs, le type d’IAM (avec ou sans élévation du segment ST), les traitements en cours et la présence d’autres comorbidités n’ont pu être pris en compte dans cette analyse.
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