Diabète de type 2 : un patient stabilisé a-t-il un surrisque cardiovasculaire ou létal ?
- Rawshani A & al.
- N Engl J Med
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
Les résultats d’une étude menée sur une large population suédoise montrent que les sujets diabétiques de type 2 qui auraient cinq variables dans les zones cibles (une HbA1c<7%, un taux de LDL-c <2,5 mmol/l, pas d’albuminurie, non tabagiques et une PAS/PAD <140/80 mmHg) pourraient théoriquement avoir une espérance de vie équivalente à des sujets témoins-sains et pourraient voir disparaître leur surrisque d’IDM et d’AVC. En revanche, ils conserveraient un risque augmenté d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque (+45%) par rapport aux sujets témoins. Les individus les plus jeunes ayant des variables qui ne sont pas dans les zones cibles auraient un plus fort risque d’évènement cardiovasculaire que les plus âgés. Ces données laissent supposer que chez les sujets diabétiques de type 2, il y aurait un plus fort bénéfice à mettre en place un traitement agressif chez les individus les plus jeunes. Enfin, les résultats montrent que l’HbA1c élevée pourrait être le plus fort prédicteur de survenue de ces évènements.
Pourquoi est-ce intéressant ?
Jusqu’à présent, les données de la littérature ne permettaient pas de savoir dans quelle mesure le surrisque de décès, d'IDM, d'AVC, d'hospitalisation pour insuffisance cardiaque pouvait être réduit ou décalé dans le temps par une modification de certains facteurs de risque. C’est ce qu’apporte les résultats de cette étude.
Méthodologie
Au total, 271.174 patients diabétiques de types 2 enregistrés dans le registre national suédois du diabète ont été appariés avec 1.355.870 sujets contrôles sur la base de l’âge, du sexe et du lieu d’habitation. Les sujets ont été suivis en fonction de la présence à l’inclusion de cinq facteurs de risque (HbA1c élevée (≥7% ou ≥53 mmol/mol), LDL-c élevé (≥2,5 mmol/l), albuminurie (présence d’une micro ou macroalbuminurie), tabagisme (être fumeur à l’inclusion), pression artérielle élevée (≥140 mmHg pour la PAS ou ≥80 mmHg pour la PAD).
Principaux résultats
Durant le suivi moyen de 5,7 ans, 175.345 décès sont survenus sur l’ensemble de la cohorte, dont 13,9% (n=37.825) des sujets diabétiques de type 2 et 10,1% (n=137.520) des sujets contrôles. L’âge moyen des participants était de 61 ans, et 49,4% étaient des femmes. Chez les patients diabétiques de type 2, l’excès de risque de décès, d’infarctus du myocarde aigu, d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque, augmentait par palier pour chaque facteur de risque supplémentaire non inclus dans sa zone cible.
Dans l’ensemble de la cohorte, les patients atteints de diabète de type 2, mais ne présentant aucun des cinq facteurs de risque en dehors des zones cibles, avaient un risque de décès toutes causes confondues légèrement plus élevé (+6%) que celui des sujets témoins (HR 1,06 [1,00-1,12]). Les sujets diabétiques ne présentant aucun autre facteur de risque, présentaient un risque d’IDM inférieur de 16% par rapport aux témoins (HR 0,84 [0,75-0,93]), et cette tendance était également retrouvée même chez les sujets de 80 ans ou plus à l’inclusion (HR 0,72 [0,49-1,07]).
Le risque d’AVC était faiblement diminué de 5% (HR 0,95 [0,84-1,07]) chez les sujets diabétiques sans facteur de risque par rapport aux témoins.
Que ce soit pour les IDM ou les AVC, le risque était plus élevé chez les plus jeunes que chez les plus âgés, et pour chaque variable additionnelle non comprise dans la zone cible.
En ce qui concerne le risque d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque, les sujets de moins de 55 ans et présentant les cinq facteurs de risque en dehors des zones cibles, avaient un risque multiplié par un facteur 11 par rapport aux témoins. Ce risque restait cependant plus élevé (+45%) chez les diabétiques de type 2 si tous les critères étaient dans les zones cibles correspondantes (HR 1,45 [1,34-1,57]).
Si une HbA1c au-delà de la zone cible était le critère prédicteur d’AVC et d’infarctus du myocarde le plus fort, le tabagisme était le plus fort prédicteur de décès.
Principales limitations
Caractère observationnel de l’étude.
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