Diabète de type 2 et microbiote : la recherche vient de franchir une nouvelle étape

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’articles
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Un article publié dans la revue Médecine des maladies métaboliques fait le point sur les avancées de la recherche sur le microbiote intestinal et ouvre de nouvelles perspectives de prise en charge pour les diabétiques de type 2.

 

Les promesses Akkermansia muciniphila

L’utilisation de nouvelles technologies d’analyse bactérienne a permis d’identifier l’ensemble des bactéries présentes dans le microbiote intestinal de souris obèses et diabétiques traitées ou non par des prébiotiques (fructo-oligosaccharides) recevant une alimentation contrôle. Les analyses ont mis en évidence que plus de 100 taxons différents étaient affectés par les prébiotiques, dont une nouvelle bactérie appelée Akkermansiamuciniphila appartenant à un genre nouveau de bactéries vivant à proximité du mucus intestinal.

Sur modèle animal, les taux d’A. muciniphila, l’une des bactéries les plus abondantes du microbiote intestinal étaient inversement corrélés au poids corporel, à l’adiposité, à la glycémie et à la perméabilité intestinale. L’administration d’A. muciniphila à des souris recevant un régime riche en lipides était associée à une augmentation de la couche de mucus, une restauration de l’expression des protéines de jonctions serrées, de peptides antimicrobiens et des lipides bioactifs ayant des propriétés anti-inflammatoires, ainsi qu’à une diminution de l’obésité, des paramètres inflammatoires, de l’insulinorésistance et à une amélioration de la tolérance au glucose.

Après pasteurisation, les effets de cette bactérie sont non seulement conservés mais augmentés.

 

Du modèle animal à l’être humain

Des données de la littérature indiquent qu'A. muciniphila est significativement diminuée dans l’intestin des personnes en surpoids, obèses, pré-diabétiques ou diabétiques de type 2, ou encore chez les personnes souffrant de maladies inflammatoires de l’intestin.

La supplémentation orale quotidienne d’A. muciniphila vivantes ou pasteurisées à la dose de 1010 bactéries/jour ou plus durant 3 mois était sûre et bien tolérée chez des sujets insulinorésistants en surpoids ou obèses et présentant un syndrome métabolique. Par rapport au placebo, A. muciniphila pasteurisée améliorait la sensibilité à l’insuline, réduisait l’insulinémie, le cholestérol total plasmatique, et était associée à une diminution de la masse grasse, du tour de hanche et du poids (-2,27 kg). Les marqueurs sanguins de l’inflammation et du dysfonctionnement hépatique étaient améliorés. Des études sont encore nécessaires pour évaluer dans quelle mesure cette bactérie pourrait diminuer ou limiter l’utilisation de médicaments accompagnant le pré-diabète ou le diabète de type 2. 

 

Première bactérie bénéfique de nouvelle génération approuvée par l’EFSA

Cette bactérie sous sa forme pasteurisée a été approuvée en septembre 2021 par les autorités européennes de sécurité des aliments (EFSA), comme un ingrédient alimentaire (« novel food ») administrable à l’être humain sous forme de compléments alimentaires. Cette étape fondamentale ouvre la voie vers des investigations plus poussées du potentiel thérapeutique de cette bactérie.