Diabète prégestationnel : doublement du risque de cardiopathie congénitale
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
Selon une étude française menée à partir de la base de données nationale PMSI, il existe bien un risque accru de cardiopathie congénitale chez les enfants nés de mères ayant un diabète prégestationnel : l’incidence était respectivement de 30 et de 27 cas pour 1.000 naissances chez les enfants nés de mères diabétiques de type 1 (DT1) et de type 2 (DT2) respectivement, par rapport aux enfants nés de mères non diabétiques (7,9/1.000 naissances) soit un risque respectivement 2,07 fois et 2,20 fois plus élevé.
La physiopathologie exacte de la relation entre le diabète prégestationnel et la survenue d’une cardiopathie congénitale reste à déterminer.
Pourquoi est-ce important ?
Les cardiopathies congénitales concerneraient 0,83% des naissances en France. Parmi les facteurs environnementaux et génétiques mis en cause, le diabète prégestationnel est suspecté de favoriser ces anomalies, conforté par de récentes méta-analyses, avec un risque croissant selon la valeur de l'hyperglycémie maternelle moyenne. Ces données étant issues d’études internationales, il était intéressant de se pencher sur la situation nationale afin d’évaluer si cette relation était retrouvée. Malgré les limites liées à l’exploitation d’une base de données (cas manquant, erreur de cotation, existence d’une obésité maternelle, d’une carence en fer ou en acide folique), elle apporte toutefois la première illustration épidémiologique des liens existant entre l’équilibre glycémique de la mère et la survenue d’anomalies cardiaques chez l’enfant.
Méthodologie
Cette analyse a été menée par une équipe lilloise à partir des données 2012-2020 de la base de données médico-administrative nationale PMSI-MCO qui inclut toutes les naissances vivantes en France. Les données métaboliques, obstétricales et néonatales ont été recueillies et analysées pour chaque enfant né en France sur la période d’analyse. Le lien avec les données de la mère a été établi pour chacun des diagnostics de coronaropathie enregistrés dans l'année suivant la naissance, afin de rechercher l’existence d’un diabète dans les cinq années précédant la grossesse ; les cas de diabète gestationnel ont été exclus.
Principaux résultats
Au total, 6.076.251 couples mère-enfant ont été inclus et analysés sur la période, parmi lesquels 6.038.703 enfants issus d’une mère non diabétique, 23.147 d’une mère atteinte de diabète de type 1 et 14.401 une mère atteinte de diabète de type 2. L'âge moyen au moment de l'accouchement était de 30,1 ans. La prématurité était légèrement plus fréquente dans le groupe DT1 que dans le groupe DT2.
L'incidence des maladies congénitales infantiles était de 6,2% dans le groupe sans diabète, contre 8,0% et 8,4% chez les femmes atteintes de DT1 et de DT2 (p<0,001), et celle des cardiopathies congénitales de 0,8%, 3,0% et 2,7% respectivement (p<0,001). Les malformations les plus fréquentes étaient les communications interventriculaires, puis le canal artériel persistant et les communications interauriculaires.
Les cardiopathies congénitales étaient statistiquement plus fréquentes dans les groupes DT1 et DT2 que dans le groupe non diabétique, avec des tailles d'effet faibles (d=0,16 et d=0,15, respectivement) et sans différence entre les groupes DT1 et DT2 : par rapport à ceux nés de mères non diabétique, les enfants nés de mère souffrant de DT1 ou de mère souffrant de DT2 étaient associés à un risque respectif (OR ajusté) de 2,07 ([1,91-2,24], p<0,001) et de 2,20 ([1,99-,44], p<0,001) d’avoir une coronaropathie congénitale. Aucune différence n'a été trouvée entre les trois groupes concernant la nature de la cardiopathie.
Le fait d’avoir un faible ou un fort poids à la naissance était aussi associé à un risque plus élevé de coronaropathie congénitale (ORa de 1,70 [1,66-1,75], p< 0,001 et 1,15 [1,11-1,18], p< 0,001 respectivement). Enfin, le fait d’être né par césarienne ou d’être né prématurément était aussi associé à ce risque (OR 1,70 [1,66-1,73], p<0,001 et 8,17 [8,01-8,34], p<0,001).
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