Diabète de type 2: preuves d’impact de l’alimentation via le microbiote
- Nathalie BARRÈS
- Résumé d’article
À retenir
- Un régime alimentaire de 12 semaines de type Okinawa adapté à la population nordique (O-N) a montré des effets bénéfiques sur la santé de sujets diabétiques de type 2 (DT2) en réduisant nettement l’indice de masse corporelle (IMC), le poids, le tour de taille.
- Des corrélations positives ont été observées entre les changements alimentaires, l’abondance et la diversité du microbiote intestinal, les données anthropométriques et les marqueurs du métabolisme du glucose, des lipides et de l’inflammation.
- Cependant, les modifications du métabolisme et du microbiote intestinal se sont inversées à l’arrêt du régime.
- « L’O-N a diminué les taux de glucose, d’HbA1c, d’insuline ainsi que la résistance à l’insuline, contrairement à de nombreux autres régimes qui n’ont fait que diminuer les taux d’HbA1c », précisent les auteurs.
Pourquoi est-ce important ?
L’influence du microbiote intestinal sur le risque de maladies chroniques est de plus en plus étudiée. Des solutions pour enrayer la très forte augmentation du diabète à travers le monde sont recherchées, notamment à travers des modes de vie plus sains. Hypothétiquement, le changement de microbiote induit par l’alimentation pourrait influencer l’inflammation, le développement d’un syndrome métabolique et le DT2. Les régimes alimentaires riches en fibres, et pauvres en viande rouge, saccharose et en aliments transformés favorisent un microbiote intestinal plus diversifié et bénéfique pour la santé de l’hôte. Le régime Okinawa traditionnel est riche en fibres, en graisses et en protéines basées sur des aliments bruts et une transformation industrielle minimale. A contrario, les régimes occidentaux riches en graisses animales, en protéines et pauvres en fibres augmentent la quantité de micro-organismes pathogènes.
Méthodologie
Pour l’étude, le régime Okinawa a été adapté aux goûts et aux composants alimentaires de la population nordique, et appelé « régime nordique basé sur le régime Okinawa (O-N) ».
Des sujets atteints de DT2, traités ou non, ont été inclus pour suivre durant 12 semaines ce régime O-N. Ils ont ensuite été suivis durant 16 semaines complémentaires. Le microbiote intestinal ainsi que le métabolisme plasmatique – mesuré par chromatographie en phase gazeuse ou liquide - de ces sujets, ont été analysés afin d’explorer les éventuelles corrélations entre les modifications de ces paramètres, les données anthropométriques des sujets et la présence de symptômes gastro-intestinaux. Pour les analyses, les patients ont été leurs propres témoins. Des prélèvements de sang et de selles ont été réalisés au début de l’étude (avant introduction du régime), après 12 semaines de régime O-N, puis après les 16 semaines de suivi sans restriction particulière. Les participants ont reçu des informations de nutritionnistes pour préparer des repas adaptés au régime O-N.
Principaux résultats
Au global, 45 patients ont été inclus (dont 17 femmes, âge moyen de la population 57,5 ans, ancienneté du diabète 10,4 ans, 90% de sujets en surpoids et 50% obèses).
La consommation de pommes de terre, de sucres rapides, de viande rouge et de lipides a été réduite de manière drastique durant la période de régime de 12 semaines, mais a réaugmenté durant la période de suivi de 16 semaines. La consommation de lentilles, viande blanche, de céréales complètes, de légumes et de produits à base de noix de coco a augmenté durant la période de régime, puis diminué sur la seconde période. La consommation de poisson, de fruits et légumes a augmenté au cours de toute l’étude.
Le poids des patients a globalement diminué au cours des 12 semaines d’intervention, entraînant une diminution de 6,8% de l’indice de masse corporel et de 6,1% du tour de taille. La pression artérielle systolique et diastolique a également diminué après le régime O-N de 12 semaines, ainsi que les taux plasmatiques de glucose, triglycérides et cholestérol à jeun. L’HbA1c et le taux d’insuline à jeun n’ont diminué qu’après 12 et 28 semaines. Le taux l’interleukine 18 (IL-18) a diminué au cours de l’étude et a été corrélé de manière significative à la diminution du taux de glycémie.
Les diarrhées, ballonnements et flatulences dont pouvaient se plaindre les patients ont été nettement améliorés tout au long de la période d’étude. En revanche les douleurs abdominales n’ont diminué qu’après 12 semaines. La constipation et les nausées/vomissements n’ont pas été affectés par le régime. Les patients ont également constaté une amélioration de leur bien-être psychologique tout au long de la période d’étude. Le profil métabolomique des patients a évolué au cours des 12 premières semaines d’étude, avec des effets bénéfiques évidents sur la santé, mais un retour aux valeurs de base 16 semaines après l’intervention.
Sur 602 métabolites, 323 ont été modifiés durant l’une ou l’autre période ou les deux.
La bêta diversité du microbiote (c’est-à-dire la comparaison des échantillons entre eux) différait significativement à 12 semaines et à 28 semaines par rapport à l’inclusion. Elle a été positivement corrélée avec l’alimentation et négativement avec l’IL-18. Des différences ont été constatée au niveau de certains phyla et genres. L’abondance des Actinobactéries, Bactéroïdètes, Firmicutes et Verrucumocrobia a été corrélée aux paramètres anthropométriques, à l’HbA1c, aux taux de lipides, à l’inflammation et à l’alimentation. En revanche ces modifications se sont inversées après les 12 semaines de régime.
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé