Deux contributions à la réforme de la santé

  • Serge Cannasse
  • Actualités professionnelles
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Alors que la pandémie de COVID-19, la proximité de l’élection présidentielle et la demande de l’opinion devraient y inciter, les débats autour de l’avenir de notre système de santé manquent singulièrement de tonus aussi bien dans les médias que dans le champ politique. Ainsi deux centres de réflexion (« think tanks ») ont publié chacun un travail sur un aspect de la problématique, sans grand écho. Bien qu’ils appartiennent à des sensibilités politiques différentes, leurs approches apparaissent comme très complémentaires.

L’institut Montaigne propose quatre priorités portant sur la santé (mais pas sur l’hôpital).

1) « Impliquer les patients dans le système de santé ». Les principaux outils pratiques associés sont la création d’indicateurs de résultats sur la qualité des soins et le développement d’applications numériques pour rendre les parcours de soins cohérents.

2) « Faire le pari de l’innovation en santé », principalement en soutenant la e-santé et l’accès aux données et en améliorant l’accès aux médicaments innovants, avec à la clef une réforme du système d’évaluation des médicaments.

3) « Repenser la gouvernance en santé », par la « territorialisation » et le « principe de responsabilité populationnelle », grâce à un dialogue entre l’ensemble des acteurs de santé d’un territoire. L’Institut propose également de transformer l’Assurance maladie en Assurance santé pour mieux intégrer la prévention dans les politiques de santé publique.

4) Renforcer la prévention, d’abord en ce qui concerne la santé mentale et le bien-vieillir. Le rapport propose notamment de « créer une visite de prévention dédiée au bien- vieillir » et d’instaurer « une règle d’or attribuant un euro en faveur de la prévention de la perte d’autonomie pour dix euros de dépenses curatives. »

Alors que les propositions de l’Institut Montaigne portent sur des orientations générales et donnent une grande place au numérique, celles de la Fondation Jean Jaurès concernent exclusivement l’hôpital public et consistent en une série de mesures détaillées et très pratiques. Elles visent toutes à pallier le « manque d’attractivité » des carrières hospitalières (notamment en matière salariale), à lutter contre « la souffrance des étudiants en médecine » et à réformer l’organisation des hôpitaux, notamment en modernisant leurs systèmes informatiques, en augmentant le nombre de leurs soignants et de leurs lits et en diminuant le rôle des administratifs dans leur gestion au profit des soignants. On note que c’est un des rares rapports qui se penche sur le sort des étudiants qui suivent un double parcours médecine-sciences, préparant à la recherche.

Ces différences d’approche sont sans doute à lier aux formations et fonctions de leurs signataires. Les deux auteures de l’Institut Montaigne sont toutes deux diplômées de Sciences Po et consultantes en santé publique. L’auteur de la Fondation Jean Jaurès est psychiatre et praticien hospitalier