Désert médical : des généralistes du Loiret la jouent solidaires pour recevoir les patients

  • Christophe Gattuso

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales par Medscape
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En Beauce-Gâtinais, trouver un rendez-vous médical est parfois gratiné mais les médecins y bossent. Dans ce secteur au nord du Loiret, particulièrement touché par la désertification médicale, seuls 28 généralistes sont en activité pour une population de 80.000 habitants. Avec les départs à la retraite non remplacés d’omnipraticiens, 24.000 personnes se trouvent sans médecin traitant. La communauté professionnelle territoriale en santé (CPTS) du Beauce-Gâtinais, dans le bassin de Pithiviers, a donc décidé d’agir.

Il y a un an et demi, la structure, qui fédère environ 200 professionnels de santé du secteur, a lancé un numéro accessible gratuitement (08 01 90 45 00, du lundi au vendredi, de 8 heures à 18 heures) pour permettre aux habitants privés de médecin traitant ou qui auraient besoin de voir un généraliste pour des soins non programmés, d’obtenir un rendez-vous dans les 48 heures.

 

14 généralistes impliqués 

A ce jour 14 médecins généralistes du secteur – 15 en février – participent à ce dispositif de soins non programmés. Tous les jours, l’un d’eux réserve un créneau de deux heures dans la journée pour les patients ayant au préalable franchi le cap de la régulation téléphonique du télésecrétariat. Quand le motif ne donne pas lieu à un conseil téléphonique et qu’il ne nécessite pas de se rendre aux urgences, le patient se voit proposer un rendez-vous dans les 24 ou 48 heures. « Fièvre de l’enfant, douleur pharyngée, lombalgie ou gastro-entérite sont les motifs les plus fréquents de consultation », détaille le Dr Latifa Miqyass, présidente de la CPTS et généraliste à Bazoches-les-Gallerandes. Un deuxième créneau quotidien de deux heures sera mis en place en février sur le secteur.

 

Moins de recours aux urgences

Le dispositif, financé à hauteur de 10.000 euros par an par le conseil départemental du Loiret, permet chaque jour à huit à dix patients de bénéficier d’une consultation.

Selon le premier bilan annuel du numéro, sur 5.800 appels reçus par le télésecrétariat, la majorité relevaient du conseil téléphonique. Toutefois, 2.000 patients ont pu voir un des médecins – tous sont en secteur I, 25 euros la consultation - engagés dans le dispositif. « Nous répondons à la problématique initiale d’apporter une réponse aux patients sans médecin traitant, explique le Dr Miqyass. Sans ce dispositif, une partie des patients serait allée aux urgences, une autre aurait renoncé aux soins et quelques personnes, plus jeunes, et de catégories sociales supérieures, auraient eu recours à la téléconsultation. »

 

Pas de rupture de soins

L’initiative est appréciée par les patients, qui n’ont plus à appeler tous les praticiens du coin quand le leur n’est pas disponible. « Les praticiens volontaires font l’effort de recevoir des patients qu’ils ne suivent pas habituellement pour des consultations parfois complexes, cela mérite d’être salué », argumente Latifa Miqyass.

Les médecins engagés dans le système, âgés en moyenne de 61 ans et ayant une patientèle de « 2.100 patients en moyenne » en sont aussi très satisfaits. « Cela a permis de créer une réelle solidarité entre nous, affirme le Dr Miqyass. Chacun sait que ses patients pourront être pris en charge par un confrères quand ils seront en congés ou malades et qu’il n’y aura pas de rupture de soins. »

Lors du lancement de la campagne de vaccination, le télésecrétariat a joué un rôle important auprès de la population du territoire en prenant 5.000 rendez-vous pour les personnes âgées ne disposant pas de connexion Internet.

Le président du conseil du Loiret, Marc Gaudet, se félicite que son département soit précurseur dans la lutte contre la désertification médicale. « Nous soutiendrons toutes les CPTS qui se lanceront dans ce genre d’initiative », affirme le responsable politique, qui loue la « solidarité positive » des médecins. Le dispositif de télésecrétariat, encore unique en France, pourrait justement faire des petits. Il devrait être activé par d’autres CPTS du Loiret, dans des secteurs du Giennois et de Montargis.

 
Les infirmières en renfort pour des téléconsultations au domicile des patients   

Face à la désertification médicale, la CPTS du Beauce-Gâtinais fait feu de tout bois et a lancé une expérimentation de télémédecine. Trois mallettes équipées d’un sthéto et d’un échographe connectés (d’une valeur de 1800 euros) ont été mises à disposition des infirmières libérales sur les territoires les moins dotés en médecins du secteur pour superviser les téléconsultations réalisées au domicile des patients âgés tandis que le généraliste est à son cabinet« Ce système présente plusieurs avantages, il facilite le maintien à domicile, fait gagner du temps de déplacement aux médecins et il est économiquement plus favorable que de payer des bons de transports aux patients pour se rendre au cabinet médical », explique le Dr Miqyass. Le patient est quant à lui rassuré par la présence de l’infirmière. Environ 5 téléconsultations sont réalisées chaque semaine avec une infirmière au domicile des patients des secteurs concernés.

Cet article a été écrit par Christophe Gattuso et initialement publié sur le site internet Medscape.