Des variants génétiques de l’autisme en population générale
- Serge Cannasse
- Actualités professionnelles
La pathogénie de l’autisme comporte une forte composante génétique, très complexe et diverse. Elle peut en effet aller de la variation génétique unique, mais suffisante pour déclencher un autisme, à la combinaison de nombreuses variations rares et sans effet notable pour chacune d’elles prise isolément, mais dont l’ensemble est responsable de traits autistiques, voire d’un autisme caractérisé. Ces variations ont été identifiées sur plus de 200 gènes. Le problème est de repérer quelles combinaisons et modulations favorisent la plus ou moins grande intensité des symptômes. L’équipe du laboratoire Génétique humaine et fonctions cognitives de l’Institut Pasteur a commencé ce qu’elle nomme « un travail de fourmi » 1 consistant à comparer les données génétiques de 13.091 patients ayant un diagnostic d’autisme, à partir de différentes cohortes européennes, avec celles d’un échantillon de 226.649 individus issus de la population générale sans diagnostic d’autisme. Le résultat de leur travail est paru dans la revue Nature Medicine 2.
Thomas Rolland, premier auteur de la publication, explique : « Nous nous sommes intéressés aux variants rares dans une liste de 185 gènes, bien connus pour être fortement associés à l’autisme. Et en effet, nous avons retrouvé ces variants chez 4% des personnes avec autisme. » La surprise est venue de la découverte de ces mêmes variants chez 1% des individus non diagnostiqués. « Cela laisse penser, ajoute Thomas Rolland, que la conjonction d’autres facteurs, génétiques et environnementaux, est nécessaire pour aboutir à la manifestation d’un trouble autistique. » L’équipe a donc croisé les données des personnes ayant ou non un diagnostic d’autisme, mais porteuses des variants identifiés, avec des informations médicales, cognitives et socioéconomiques à propos de ces personnes.
Là encore le résultat est surprenant. Ainsi que l’explique Richard Delorme, professeur à l'Université Paris Cité, chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital Robert-Debré AP-HP et chercheur dans l’équipe de Pasteur, « les variants semblent affecter les performances cognitives des personnes sans diagnostic d’autisme qui en sont porteuses, ainsi que leur niveau d’éducation, avec des niveaux de diplômes plus bas, leur niveau de revenus, avec des salaires nets plus bas, et leurs conditions matérielles de vie ». De plus, il semble que les hommes soient plus sensibles que les femmes aux variants à effet léger pour l’autisme.
Ce travail conforte une approche globale de l’autisme, associant génétique et étude de l’environnement. Pour l’équipe qui l’a conduit, ses résultats ne sont « que la partie émergée de l’iceberg, puisqu’ils ne rendent compte que de quelques pourcentages des cas identifiés d’autisme ». Pour poursuivre la recherche, un Institut Hospitalo-Universitaire, inovAND, a été récemment créé à l’hôpital Robert-Debré (AP-HP) et une étude internationale (R2D2-MH) a été lancée, avec un financement de la commission européenne.
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