Des troubles du contrôle des impulsions chez près de la moitié des parkinsoniens sous agonistes dopaminergiques
- Corvol JC & al.
- Neurology
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
Dans une population de patients parkinsoniens, dont la plupart sont traités par agoniste dopaminergique (AD), près de 20% sont concernés par des troubles du contrôle des impulsions (TCI). Chez ceux qui ne présentaient pas de TCI à l’inclusion, près de la moitié (46%) sont concernés à 5 ans, principalement ceux qui avaient pris un agoniste dopaminergique. Le fait que ces troubles apparaissent avec un effet dose-réponse (pour de plus longues durées et des doses plus élevées) indique une association forte avec la prise d’un AD. Le suivi montre que ces troubles s’estompent progressivement à l’arrêt du traitement pour disparaître totalement à 1 an chez la moitié des sujets concernés.
Pourquoi cette étude a-t-elle été réalisée ?
Jeux d’argent, achats compulsifs, troubles du comportement alimentaire ou sexuel, les troubles du contrôle des impulsions sont courants chez les patients parkinsoniens. La fréquence de ces troubles augmente avec la mise en place du traitement par agoniste dopaminergique, mais les études disponibles n’ont pas permis d’établir clairement s’il existait ou non une relation dose-réponse. Le professeur Jean-Christophe Corvol et des chercheurs de l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière, de la Sorbonne et de l’Inserm, viennent de répondre à cette question. L’aspect longitudinal de leur étude a permis de prendre en compte l’historique des traitements avant apparition des troubles et d’étudier la relation dose-réponse.
Méthodologie
Cette étude de cohorte longitudinale et multicentrique a suivi des patients atteints de maladie de Parkinson depuis 5 ans au plus au moment de l’inclusion. Après la première visite d’inclusion, les patients étaient revus annuellement sur une période de suivi pouvant aller jusqu’à 5 ans. Les troubles du contrôle des impulsions étaient recherchés au cours d’entretiens semi-structurés avec un spécialiste.
Résultats
- 411 sujets parkinsoniens d’âge moyen 62,3 ans et suivis sur une durée moyenne de 3,3 ans ont été inclus dans l’analyse, dont 40,6% de femmes. Presque tous (93,7%) avaient pris de la L-Dopa ou un AD au cours des 12 mois précédents et 86,6% avaient pris un AD au moins une fois depuis le début de la maladie.
- À l’inclusion, 19,7% d’entre eux présentaient des TCI : attitude pathologique vis à vis des jeux d’argent (3,9%), achats (4,6%), comportements alimentaires (10,5%) ou sexuel (8,5%) compulsifs. Des TCI multiples étaient présents chez 6,3% des patients. Ces troubles concernaient davantage les sujets plus jeunes, vivant seuls et buveurs de café. Après 5 ans, ces troubles étaient présents chez 32,8% d’entre eux.
- Parmi ceux qui ne présentaient pas ces troubles à l’inclusion (306 patients), 46,1% les avaient développés à 5 ans, essentiellement ceux qui avaient pris un AD (51,5% contre 12,4% pour ceux qui n’en n’avaient jamais pris).
- La prévalence des TCI augmentait avec la durée de suivi, et ce de façon plus importante chez les hommes que chez les femmes. Elle augmentait également, et de façon indépendante, avec la dose quotidienne moyenne d’AD prise au cours des 12 derniers mois. Ainsi, la prise d’un AD au cours des 12 derniers mois était associée à un doublement de la prévalence des TCI. Et l’association apparaissait encore plus fortement chez les sujets qui avaient déjà pris un AD par rapport à ceux qui n’en avaient jamais pris (prévalence multipliée par 4).
- En analyse ajustée sur les traitements par AD, il n’apparaissait pas d’association forte entre la L-Dopa ou d’autres médicaments antiparkinsoniens et les TCI.
- Chez les 30 patients ayant stoppé leur traitement par AD, les TCI se sont atténués progressivement pour disparaître totalement après 1 an chez la moitié d’entre eux.
Limitations
Il est possible que le pouvoir statistique ait été insuffisant pour détecter un effet de faible ampleurde la L-Dopa ou que les doses utilisées aient été trop basses pour observer un effet.
Par ailleurs, l’âge relativement jeune de la cohorte a pu contribuer à surestimer la fréquence des TCI puisque l’on sait qu’ils surviennent plus fréquemment dans cette population traitée par AD.
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