Des trajectoires de sommeil spécifiques précèdent la démence
- Cavaillès C & al.
- Age Ageing
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
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La durée de sommeil nocturne et celle du sommeil sur 24 heures à l’inclusion étaient associées à une incidence différente de la démence après 14 ans de suivi chez les sujets de plus de 65 ans de la cohorte française 3C.
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Par rapport à celles des sujets contrôles, ces deux durées de sommeil semblaient augmenter de façon spécifique 12 ans avant le diagnostic de démence, soit en amont des perturbations des tests cognitifs.
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Enfin, de la même façon, ceux qui avaient un diagnostic de démence tendaient à se coucher plus tôt au cours du temps que les sujets témoins, 8 ans avant la survenue de la démence.
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Le suivi de certains paramètres du sommeil pourrait être intéressant pour prédire précocement l’évolution vers la maladie.
Pourquoi est-ce important ?
L’association entre les troubles du sommeil et la démence a fait l’objet de nombreuses études dont beaucoup sont contradictoires. Cette hétérogénéité est liée à l’utilisation de multiples paramètres, la façon dont le recueil de ces données a été conduit, l’existence d’un diagnostic ou d’une visite médicale et la nature transversale de certaines études. Cette analyse offre une vision longitudinale de la question et s’intéresse à l’existence de trajectoires spécifiques.
Méthodologie
L’analyse a été menée à partir de la cohorte montpelliéraine de l’étude des 3C qui avait recruté des sujets non institutionnalisés de 65 ans et plus de Bordeaux, Dijon et Montpellier, et qui ont été suivis régulièrement durant 14 ans. Ils ont répondu à des questionnaires et ont bénéficié de visites médicales à l’inclusion puis au cours de l’étude. Les trajectoires des paramètres du sommeil des sujets atteints de démence ont été comparées à celles de 1 à 4 sujets contrôles appariés sur le sexe, l’âge (±3 ans) et le niveau d'éducation.
Principaux résultats
L’étude a permis de comparer 184 personnes ayant eu un diagnostic de démence au cours des 14 ans de suivi et 1.566 sujets contrôles, avec un suivi médian de 10,1 ans (délai médian avant diagnostic de démence : 6,5 ans). L'analyse cas-témoins nichée relative aux trajectoires s’est penchée sur 182 cas et 719 témoins appariés, suivis sur une durée médiane de 11,8 ans
Une durée de sommeil nocturne initialement élevée était associée à un risque plus élevé de démence, notamment au-delà de 9h de sommeil. De la même façon, la durée de sommeil sur 24 heures était aussi supérieure chez ceux qui ont eu un diagnostic de démence au cours du suivi.
Au cours des 14 années de suivi, 4,3% des sujets de la cohorte initiale sont restés des gros dormeurs tandis que 10,0% sont passés d'un sommeil court ou normal à un sommeil long : ceux qui avaient un diagnostic de démence étaient plus susceptibles d’appartenir à ces deux groupes de sujets que les sujets contrôles. L’augmentation de la durée de sommeil était par ailleurs plus rapide chez ceux qui étaient déments que parmi les témoins, et survenait dès 12 ans avant le diagnostic.
Enfin, les trajectoires étaient aussi différentes concernant l’heure de coucher, cette dernière étant avancée chez les sujets malades par rapport aux sujets témoins dès la 8e année avant le diagnostic (de -0,16h à 8 ans jusqu’à -0,44h 2 ans avant le diagnostic).
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