Des signaux faibles préoccupants pour les établissements de santé

  • Serge Cannasse
  • Actualités professionnelles
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Après deux années de pause dues à l’épidémie de Covid-19, la HAS (Haute Autorité de santé) a repris la publication des résultats des IQSS (indicateurs de qualité et de sécurité des soins) des établissements de santé. Ces indicateurs poursuivent plusieurs buts : donner des éléments aux équipes hospitalières et aux professionnels sur la qualité de leurs pratiques, permettre le suivi de cette qualité par les pouvoirs publics, informer les usagers de l’hôpital et leur entourage, ainsi que les professionnels de ville et les parties prenantes de la vie hospitalière (élus, citoyens, etc).

Les indicateurs sont désormais au nombre de 30 au niveau national, couvrant quatre secteurs : médecine –chirurgie – obstétrique (MCO), soins de suite et de réadaptation (SSR), hospitalisation à domicile (HAD) et pour la première fois, psychiatrie (centrés sur les soins somatiques). Parmi eux, 23 sont disponibles par établissement. Ils sont publiés sur Qualiscope (https://www.has-sante.fr/jcms/c_1725555/fr/qualiscope-qualite-des-hopitaux-et-des-cliniques), site internet accessible au grand public, qui peut ainsi orienter ses recherches pour une hospitalisation. Il permet également aux professionnels hospitaliers de se situer par rapport aux autres établissements.

Des usagers globalement satisfaits

La HAS note que « malgré le contexte particulièrement délicat dans lequel s’inscrit le fonctionnement des établissements de santé » et la multiplication des alertes par les professionnels « sur leur incapacité à délivrer des soins de qualité », la perception globale des patients sur la qualité de leur prise en charge reste très positive. Ainsi, 8 patients sur 10 estiment que leur prise en charge est « bonne » voire « excellente » dans les secteurs MCO et SSR, ce chiffre atteignant 9 patients sur 10 en chirurgie ambulatoire. D’autres indicateurs ont une évolution positive, par exemple, ceux relatifs à la prise en charge de la douleur en MCO, plus de 9 établissements sur 10 ayant un niveau satisfaisant.

Quelques indicateurs aux résultats préoccupants

En revanche, certains connaissent une régression, qui, même si elle est de faible ampleur, peut constituer un « signal faible » d’évolution préoccupante :

  • En SSR, la qualité de l’évaluation et de la prise en charge de la douleur régresse pour la première fois (même si elle reste à haut niveau).
  • En MCO, on compte une proportion légèrement plus grande d’établissements pour lesquels la survenue d’infections du site opératoire à la suite de la pose d’une prothèse totale de hanche ou de genou est plus importante qu’attendue compte-tenu du profil de risque des patients pris en charge.
  • En HAD, l’indicateur mesurant la bonne évaluation du risque d’escarres chez les patients est en baisse, tout en restant à haut niveau.

D’autres indicateurs montrent une situation loin d’être optimale :

  • Dans tous les secteurs, la transmission et la qualité de la lettre de liaison à la sortie de l’établissement restent éloignées des objectifs, même si elles s’améliorent. Ainsi en MCO, seuls 31% des établissements atteignent un niveau satisfaisant, avec une faiblesse notable de la mention des traitements médicamenteux de sortie.
  • La prévention des infections associées aux soins reste préoccupante. Seuls 19% des établissements atteignent un niveau satisfaisant pour l’indicateur « bonnes pratiques de précautions complémentaires contact » dans le secteur MCO, résultat principalement lié à un manque d’information des patients concernés.
  • En psychiatrie (hospitalisation à plein temps), la prise en charge somatique reste insuffisante.

À propos des indicateurs eux-mêmes, la HAS note les progrès à faire : permettre un suivi « en continu » pour permettre de « mesurer la qualité en temps réel », construire des indicateurs d’accès aux soins en lien avec les partenaires institutionnels de l’hôpital. Ils seraient particulièrement bienvenus dans un contexte où les « signaux faibles » indiquent « une certaine détérioration de la qualité des soins. »