Des résultats préliminaires suggèrent qu'Omicron est plus résistant aux vaccins
- Peter Russell
- Actualités Médicales par Medscape
De nouvelles données britanniques (étude Com-COV2) suggèrent que deux doses de vaccins anti-Covid-19 sont moins efficaces contre le variant Omicron que contre les autres souches de SARS-CoV-2 [1].
Ces résultats préliminaires et non encore soumis à un comité de relecture, semblent conforter la stratégie actuelle consistant à proposer des doses de rappel au plus grand nombre d'adultes possible, selon des experts de l'Université d'Oxford (Royaume-Uni).
La présentation de ces données est intervenue alors que Boris Johnson confirmait qu'un premier patient était décédé d’une infection par le variant Omicron au Royaume-Uni et qu’il recommandait une dose de rappel dès 3 mois après la deuxième injection vaccinale.
Une baisse importante des anticorps neutralisants
L'étude en pré-print montre une baisse substantielle des anticorps neutralisants chez les personnes qui ont déjà reçu deux doses du vaccin AstraZeneca/Oxford ou Pfizer/BioNTech.
Le variant Omicron pourrait infecter les individus ayant fait une infection antérieurement ou doublement vaccinés, ce qui pourrait entraîner une nouvelle vague d'infections Covid, ont déclaré les auteurs de l’étude Com-COV2.
En revanche, rien ne laisse actuellement penser que le variant induise une maladie plus sévère, plus d’hospitalisations ou de décès.
Les chercheurs ont effectué des tests de neutralisation sur des échantillons sanguins de personnes qui avaient déjà reçu deux doses des vaccins AstraZeneca ou Pfizer à l'aide d'un isolat vivant d'Omicron obtenu d'une personne infectée au Royaume-Uni.
Les titres de neutralisation des anticorps contre le variant Omicron ont ensuite été comparés à la neutralisation de la souche Victoria issue du premier virus SARS-CoV-2 « de type sauvage » et à la neutralisation contre les variants Beta et Delta.
Les titres d’anticorps neutralisants des participants qui avaient reçu leur deuxième dose d'AstraZeneca 8 à 11 semaines auparavant sont tombés en dessous du seuil détectable chez l’ensemble des participants sauf un, ont rapporté les scientifiques.
Les titres d’anticorps neutralisants chez les patients qui avaient reçu deux doses du vaccin Pfizer ont chuté d’un facteur 29,8, passant de 1609 contre la souche Victoria à 54 contre Omicron. Pour l’un des participants, le titre d’anticorps est même tombé en dessous du seuil de détection.
Matthew Snape, professeur de pédiatrie et de vaccinologie à l'Université d'Oxford et co-auteur de l'étude a déclaré : « Ces données sont importantes mais ne sont qu'une partie du tableau. Elles ne concernent que les anticorps neutralisants après la deuxième dose, mais ne donnent pas d’indication sur l'immunité cellulaire, qui sera testée plus tard à l'aide d'échantillons stockés. »
Eviter de submerger le système de santé
Pour les auteurs, « l'impact d’une troisième dose est actuellement inconnu, mais on peut s'attendre à ce qu'elle augmente les titres d’anticorps neutralisants contre le nouveau variant. »
Cependant, le Pr Snape s’inquiète qu'une augmentation rapide des infections par le variant Omicron exerce une forte pression sur les services de santé (NHS).
« Si nous avons plus de personnes atteintes de la maladie, même si individuellement, elles sont moins susceptibles de contracter une forme sévère, nous aurons, collectivement, beaucoup plus de personnes avec une infection grave, ce qui nous confrontera aux limites de capacité du NHS ».
« C'est pourquoi je pense qu’il est important, à la fois à titre individuel, mais aussi collectif, d’accélérer la campagne de rappel afin d'éviter que le système de santé ne soit submergé. »
Le Pr Teresa Lambe du Jenner Institute d'Oxford a indiqué : « J'ai toujours le grand espoir que nos vaccins nous protégeront contre les formes sévères et l'hospitalisation. » Cependant, il est prudent « de se préparer au pire et d'espérer le meilleur », a-t-elle ajouté.
Commentant l'article, Penny Ward, professeure en médecine pharmaceutique au King's College de Londres, a souligné qu'il serait utile de disposer des données de l'essai COV-BOOST sur les titres d'anticorps neutralisants induits par le rappel effectué avec le vaccin Comirnaty (Pfizer, BNT162b) administré aux personnes qui ont reçu deux doses du vaccin ChAdOx01 [AstraZeneca].
« Ces informations sont d'autant plus importantes que la majorité des personnes âgées les plus vulnérables au Royaume-Uni ont reçu deux doses de vaccins AstraZeneca et reçoivent maintenant leurs injections de rappel BNT162b », a-t-elle précisé.
D’après l'étude Com-COV2, le fait que le variant Omicron supplante rapidement le variant Delta pourrait nécessiter la production de vaccins adaptés au nouveau variant. Cependant, les auteurs ont averti qu'en raison de la distance antigénique d'Omicron, il est peu probable que les nouveaux vaccins ainsi mis au point offrent une protection contre les souches antérieures.
Une alternative pourrait être de passer des vaccins monovalents actuels à des formulations multivalentes, comme c'est le cas pour les vaccins contre la grippe saisonnière, ont-ils déclaré.
Cet article a été écrit par Peter Russell, publié initialement sur Medscape.com sous l’intitulé Study: Preliminary Findings Support Idea that Omicron More Resistant to Vaccines. Il a été traduit par Aude Lecrubier.
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