Des pistes pour limiter les recours évitables aux urgences

  • Or Z & al.
  • Health Policy

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • L’analyse des données spécifiques aux sujets âgés issus de 12 régions françaises montre que le recours aux urgences non suivis d’une hospitalisation est d’autant plus fréquent que l’accessibilité aux soins primaires et aux services à domicile sont peu développés. Au niveau d’une municipalité, un taux élevé de spécialistes associé à un faible taux de généralistes augmente le recours aux urgences, tandis que des proportions inverses ne conduisent pas à cette association.
  • Comme cela a été décrit par ailleurs, le niveau socio-économique et l’âge moyen d’une population âgée au niveau municipal ont une influence sur la fréquence du recours aux urgences. Enfin, la proximité des services d’urgences et leur capacité d’accueil ont un rôle important sur la fréquence de visite aux urgences des sujets âgés. Ce critère aurait par ailleurs un poids supérieur à celui du niveau de santé global du sujet.
  • Les auteurs de l’IRDES qui ont publié ce travail soulignent que réduire la part des consultations aux urgences non suivies d’hospitalisation, considérées comme évitables, passe par une augmentation du taux de généralistes au niveau local, par un renforcement de l’accessibilité aux services d’accompagnement à domicile et à des alternatives répondant notamment aux besoins en dehors des horaires habituelles de consultation (permanence des soins, structures relais…).

Pourquoi est-ce important ?

En France, le recours aux services d’urgences a été multiplié par 50% entre 2000 et 2015. Les consultations sans hospitalisation peuvent cependant être évitables (par une consultation en soins primaires, par une meilleure prise en charge en amont des facteurs de risque et affections chroniques). Ce travail visait à établir les déterminants des visites aux urgences non suivies d’hospitalisation chez les sujets de 65 ans et plus issus de 12 régions françaises, afin de combler le manque de  certaines données au niveau local ou national.

Principaux résultats

  • En 2013, 9,4% de la population âgée de plus de 65 ans ont consulté les urgences sans nécessiter d’hospitalisation (757.031 personnes), avec un coefficient de variation (CV) de 48%. L'âge moyen de ceux qui consultaient était de 75 ans. En moyenne, 55% avaient au moins une maladie chronique et le temps moyen entre le domicile et le service d'urgence était de 19±9,25 minutes.
  • Au total, 18% des consultations de généralistes avaient lieu à domicile et 0,3% en dehors des horaires habituelles (CV 109%).
  • L’accessibilité potentielle localisée (APL) aux professionnels de santé variait de 3 ETP (équivalent temps plein) pour 100.000 habitants pour les ophtalmologistes et les gynécologues et atteignait 48 et 69 pour 100.000 habitants concernant les médecins généralistes et les infirmières, avec une forte variabilité intercommunales. Le nombre moyen d’ETP au sein des structures d'urgence et des équipes mobiles gériatriques était dans les deux cas de 7/10.000 (CV de 31% et 71% respectivement).
  • Les variables de l’accessibilité aux médecins généralistes, aux infirmiers et aux pharmaciens étaient corrélées entre elles, tandis que celle propres aux kinésithérapeutes et aux dentistes l’étaient de façon moindre.
  • Selon les différentes analyses de régression, un taux de mortalité élevé, une population plus âgée et une proportion élevée de maladies chroniques augmenterait le taux de recours aux services d'urgence. Par ailleurs, ce dernier était d’autant plus élevé dans les municipalités où le revenu médian était faible. La proximité géographique du service des urgences constituait aussi un facteur déterminant sur la fréquence de recours.
  • Les communes dans lesquelles la permanence des soins était élevée ou dans lesquelles l’accessibilité des généralistes, masseurs-kinésithérapeutes et infirmiers était élevée avaient un taux de recours aux urgences plus faibles.
  • Au niveau départemental, une capacité importante des services d’urgence et une faible offre de soins infirmiers à domicile (Ssiad) augmentait le recours aux urgences.

Méthodologie

L’étude a été conduite dans 12 des anciennes régions, qui regroupent 61 départements et les deux-tiers de la population française : Aquitaine, Bretagne, Bourgogne, Centre, Champagne-Ardenne, Ile-de-France, Lorraine, Limousin, Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais, Pays de la Loire, Rhône-Alpes. Les données de la DREES, de la base de données DCIR (Données de Consommations Inter-Régimes), des données de l’Assurance Maladie.