Des nouveautés dans les recommandations aux voyageurs

  • Serge Cannasse
  • Actualités Médicales
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L’édition 2023 des recommandations sanitaires pour les voyageurs du HCSP (Haut Conseil de la Santé Publique) a été publiée exclusivement en ligne. Il s’agit d’une première depuis que ces recommandations existent. Elles sont avant tout destinées aux professionnels de santé qui auraient à conseiller des patients projetant un séjour à l’étranger. Les auteurs du texte recommandent fortement d’orienter les patients vers le site du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères pour obtenir des informations actualisées en fonction de leur destination. Les recommandations du HCSP ont été arrêtées en mai 2023. En voici les points-clefs.

1. Vaccinations

Les nouveaux pays pour lesquels la vaccination contre la fièvre jaune est recommandée sont : Djibouti, Philippines, Dakar. Ceux pour lesquels cette vaccination n’est plus recommandée sont : Bélize, Irak, Géorgie du Sud et Îles Sandwich du Sud, Jordanie, Kosovo, Uruguay.

Pas de recommandation vaccinale systématique pour la leptospirose, sauf chez les personnes de 18 ans ou plus se rendant dans une région où le sérovar Icterohaemorrhagiae circule, sans mesures de protection, pratiquant régulièrement des activités en eau douce ou en contacts fréquents avec des lieux infestés par les rongeurs.

La Roumanie est désormais un pays à forte incidence tuberculeuse (≥40/100.000 habitants). En revanche, Koweït et Turquie ne le sont plus.

La liste actualisée des pays où circulent les poliovirus sauvages et ceux dérivés de souches vaccinales peut être consultée sur le site polioeradication.org.

2. Paludisme

L’Afrique subsaharienne comptabilise 96% des cas et décès de paludisme. En France, 98% des cas sont originaires de cette région et 90% des cas impliquent Plasmodium falciparum. Un retard au diagnostic survient dans 14% des cas, souvent lié à des soins inappropriés lors d’une première consultation. La prévention reste donc recommandée pour les séjours en Afrique sub-saharienne, quel que soit le profil des voyageurs. Il faut également prêter une attention particulière aux patients issus de l’immigration retournant au pays : ce sont eux qui sont le plus touchés.

En revanche, pour l’Asie et l’Amérique latine, peu de situations nécessitent des mesures de prévention. Il est cependant conseillé de consulter les recommandations publiées et le site du ministère des Affaires étrangères.

La maladie a été éradiquée aux Maldives (2015), Sri Lanka et Kirghizstan (2016), Paraguay et Ouzbékistan (2018), Argentine et Algérie (2019), Chine et Salvador (2021). En revanche, le nombre de cas a augmenté au Vénézuela.

L’atovaquone-proguanil et la doxycycline sont les antipaludiques à privilégier du fait de leur profil de tolérance.

Il est important de bien informer les voyageurs de la nécessité de consulter sans délai en cas de fièvre dans les trois mois suivant le retour et de signaler leur séjour en zone d’endémie.

3. Diarrhée du voyageur

L’azithromycine est le traitement de première intention, en particulier dans les syndromes dysentériques et les diarrhées graves non dysentériques au cours ou au décours d’un séjour en Asie.

4. Une nouvelle maladie bénéficie de recommandations : la ciguatera.

La ciguatera est une intoxination alimentaire liée à la consommation de poissons herbivores vivant dans des récifs contaminés par une neurotoxine (ciguatoxine) produite par une microalgue (Gambierdiscus toxicus). Rien ne permet d’identifier un poisson toxique et aucun mode de préparation ne permet d’éliminer la toxine.

Le tableau clinique, très polymorphe, évolue classiquement en deux temps : « une phase aiguë de quelques jours à quelques semaines (signes gastro-intestinaux, cardio-vasculaires, neurologiques, ...) suivie dans certains cas de troubles chroniques, essentiellement de nature neurologique, s’exprimant en continu et/ou par poussées évolutives ». Le diagnostic est clinique.

La prévention consiste essentiellement à ne consommer que des poissons prédateurs, et à se renseigner auprès des pêcheurs/poissonniers/restaurateurs locaux sur l’origine des poissons que l'on n'a pas l'habitude de consommer. Il est également recommandé de ne pas manger les viscères, le foie, la tête des poissons dans les zones à risque.