Des muscles contre la dépression!

  • Nathalie BARRÈS
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une étude publiée dans la revue Psychiatry Research a mis en évidence chez des jeunes adultes ayant une dépression jugée légère, une forte diminution des symptômes dépressifs après 8 semaines d’activité physique en résistance.
  • Les auteurs soulignent que « leffet antidépresseur de large magnitude mis en évidence dans cette étude conforte l’intérêt du renforcement musculaire comme traitement de la dépression faible à subclinique chez de jeunes adultes ».

Pourquoi est-ce important ?

Environ 15% d’individus connaîtront au moins une période de dépression au cours de leur vie. L’efficacité des antidépresseurs augmente avec la sévérité de la dépression mais ils ont globalement peu d’effets pour des symptômes dépressifs légers à modérés, et leurs éventuels effets indésirables associés peuvent conduire à une faible observance. Les psychothérapies quant à elles, bien qu’efficaces, peuvent être inaccessibles géographiquement ou économiquement pour beaucoup. 

De fait, l’activité physique peut constituer une alternative à ne pas négliger. L’effet bénéfique de l’exercice sur la dépression est bien connu, et passerait notamment par une amélioration de la régulation du système monoaminergique, de la réponse au stress, une réduction des marqueurs de l’inflammation et une augmentation du l’IGF-1 (hormone apparentée à l’insuline). 

Il manquait cependant de données sur l’impact de l’activité physique en particulier, en résistance, chez les jeunes adultes et les personnes souffrant d’anxiété et de symptômes dépressifs cliniquement significatifs. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’American College of Sports Medicine recommandent de pratiquer des activités de renforcements musculaires impliquant les principaux groupes musculaires deux jours ou plus par semaine, avec 2 à 3 séries de 8 à 12 répétitions pour obtenir des bénéfices en termes de force musculaire chez des personnes ayant une expérience limitée ou inexistante de cette pratique physique.

Méthodologie

Il s’agit d’analyses secondaires de 2 essais cliniques randomisés ayant comparé les effets de 8 semaines d’exercices de résistance basés sur les recommandations chez de jeunes adultes. Les sujets ont été stratifiés en fonction de leurs troubles dépressifs majeurs (TDM) et de leurs troubles anxieux généralisés (TAG) mesurés selon l’échelle Psychiatric Diagnostic Screening Questionnaire (TAG-PDSQ) et le Penn State Worry Questionnaire (PSWQ). Le critère principal d’évaluation des essais étant les symptômes anxieux généralisés ou analogues, les sujets n’ont pas été recrutés sur la base de leurs symptômes dépressifs. Les jeunes adultes du groupe renforcement musculaire ont été comparés à un groupe contrôle sur liste d’attente. Les patients étaient classés PDSQ-TAG ≥6 et PSWQ ≥45 ou sans TAG. Après une période de familiarisation de 3 semaines, les jeunes ont suivi des séances d’exercices de résistance 2 fois par semaine. Les analyses secondaires ont porté sur les symptômes dépressifs, évalués à partir d’un auto-questionnaire à 16 items (Quick Inventory of Depressive Symptomatology-QIDS).

Principaux résultats

Au global, 55 individus (âge moyen 26 ans) ont été inclus dans les analyses. À l’inclusion, les symptômes dépressifs des sujets ayant des troubles dépressifs majeurs et des troubles anxieux généralisés ou analogues étaient définis comme légers (QIDS 8,7 et 8,0 respectivement pour le groupe ayant suivi le programme d’activité physique et le groupe sur liste d’attente). L’assiduité aux séances d’exercice était de 83% et la conformité de 80%.

Les auto-questionnaires ont révélé une diminution statistiquement significative et cliniquement pertinente des symptômes dépressifs entre le groupe ayant suivi les séances de renforcement musculaire et les sujets contrôles, tous profils confondus (différence moyenne -7,73, p<0,001, d=1,01 [0,44-1,57]). Les résultats étaient significatifs dès la première semaine d’exercice de renforcement. Et bien que la diminution des symptômes subissait un plateau entre la 1re et la 4semaine, la réduction obtenue entre la 4et la 8semaine était bien au-dessus de celle obtenue au cours des 4 premières semaines. Les résultats étaient similaires entre les hommes et les femmes.

L’amélioration était également significative et cliniquement pertinente entre l’inclusion et la 8e semaine, plus spécifiquement chez les sujets ayant des troubles dépressifs (différence=1,71 [0,96-2,46] et chez ceux ayant des troubles anxieux généralisés ou analogues (différence=1,39 [0,54-2,23]).