Les anticorps monoclonaux dirigés contre le récepteur a de l’interleukine 5 représentent une avancée dans le traitement de l’asthme sévère. Cette interleukine est une cytokine pro-inflammatoire qui joue un rôle essentiel dans le recrutement, la maturation, la prolifération et la migration des éosinophiles dans les tissus. Le benralizumab est l’un des représentant de cette nouvelle classe thérapeutique. Deux essais de phase 3 ont déjà montré qu’il induisait une déplétion quasi complète des éosinophiles et réduisait la fréquence des exacerbations chez les asthmatiques présentant un asthme sévère à éosinophiles en adjuvant au traitement classique. Cette molécule n’avait cependant encore jamais été évaluée dans l’asthme persistant léger à modéré qui concerne la majorité des patients asthmatiques. Pourtant 32% d’entre eux présentent des concentrations élevées d’interleukine 5 et d’éosinophiles dans leurs expectorations. Il paraissait donc intéressant d’évaluer l’intérêt du benralizumab dans cette population. Cette question a été explorée pour la première fois par une équipe américano-canadienne dans le cadre d’un essai de phase 3.
Méthode
L’étude BISE est un essai contrôlé, randomisé, en double aveugle, qui a enrôlé des patients de 18 à 75 ans de 52 centres de recherche clinique répartis dans 6 pays. Pour être éligibles, les patients devaient présenter un asthme confirmé par une amélioration du VEMS d’au moins 12% après la prise d’un bronchodilatateur lors du test de réversibilité. Ils devaient également recevoir des doses faibles à modérées de corticoïdes inhalés (CI) ou bien de faibles doses de CI et un bêta-agoniste à longue durée d’action (BALA) en association fixe. Les patients inclus recevaient du benralizumab (30 mg/ml) en 3 injections sous-cutanées (1 toutes les 4 semaines) sur une période de 12 semaines ou un placebo. Ils étaient ensuite suivis durant 8 semaines. Le critère principal d’évaluation était l’évolution du VEMS avant prise du bronchodilatateur entre l’inclusion et la fin du traitement (Sem 12).
Résultats
· 211 patients ont été randomisés, 105 dans le groupe placebo et 106 dans le groupe benralizumab.
· La fonction pulmonaire des patients ayant reçu du benralizumab a été améliorée après 12 semaines de traitement par comparaison à ceux ayant reçu un placebo, avec un gain de 80 mL sur le VEMS pré-bronchodilatateur.
· Le profil de sécurité était similaire à celui du placebo : 42% des patients sous benralizumab ont présenté un effet indésirable contre 47% dans le groupe placebo, des rhinopharyngites le plus souvent dans les deux groupes. Quant aux effets indésirables graves, ils ont concerné 2% des patients dans les deux groupes qui n’ont pas été considérés comme étant liés au traitement.
Financement
L’étude a été financée par le laboratoire Astra Zeneca.
À retenir
Un traitement par benralizumab adjuvant à la corticothérapie inhalée améliore légèrement la fonction pulmonaire des patients atteints d’asthme léger à modéré. Bien que les traitements anti-éosinophiles ne soient pas recommandés dans cette population, ces résultats suggèrent qu’il existerait bien une composante inflammatoire éosinophile active susceptible d’être modifiée par les MAB ciblant le récepteur de l’interleukine 5.
Cependant, l’amélioration du VEMS obtenue sous benralizumab, bien que significative, n’a pas atteint une différence clinique minimum de 10% qui aurait permis de justifier l’utilisation de cette molécule chez les patients atteints d’asthme léger à modéré. Ces résultats devront donc être confirmés sur de plus larges cohortes et sur de plus longues durées. La relation entre le taux d’éosinophiles dans le sang, les expectorations et les tissus d’une part et le VEMS d’autre part devra notamment être davantage explorée.
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