Des interventions basées sur la pleine conscience pour réduire le stress des internes en chirurgie

  • Lebares CC & al.
  • JAMA Netw Open

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

Au sein du département de chirurgie de l’Université de Californie, une intervention basée sur la pleine conscience a permis de réduire de façon significative le stress perçu par des internes en chirurgie et d’améliorer la présence à soi, et donc la perception du bien-être, par rapport à une intervention active contrôle (taille d’effet large à modérée). Les résultats suggèrent également que les 8 semaines d’intervention ont amélioré les fonctions exécutives et la mémoire de travail (taille d’effet modérée), avec un bénéfice qui semblait se renforcer sur la durée (taille d’effet importante). L’activité supérieure observée après l’intervention dans 3 zones cérébrales impliquées dans la régulation émotionnelle laisse à penser que ces modifications s’inscrivent dans un substrat neuronal.

Pourquoi cette étude a-t-elle été réalisée ?

Les interventions basées sur la pleine conscience (IBPC) incitent à être pleinement conscient de ses pensées, de ses émotions et sensations corporelles, sans jugement. Elles ont apporté la preuve qu’elles pouvaient améliorer la résilience et les performances dans des populations soumises à des niveaux de stress élevés comme les militaires, les forces de police ou les athlètes de haut niveau. Alors pourquoi n’en serait-il pas de même chez les médecins ? Des chercheurs du département de chirurgie de l’Université de Californie ont donc évalué les bénéfices de ce type d’intervention chez des internes en chirurgie, de façon à voir si le renforcement des fonctions exécutives ressources pouvaient contribuer à améliorer leur humeur, leur cognition et leurs performances.

Méthodologie 

L’objectif de l’essai contrôlé Mindful Surgeon était d’évaluer la faisabilité et l’acceptabilité d’une IBPC. Vingt et un  étudiants entrant en première année d’internat de chirurgie ont ainsi été randomisés pour recevoir des séances de contrôle du stress basées sur la pleine conscience (séances de 2h hebdomadaires + pratique quotidienne de 20 minutes à domicile durant 8 semaines, n=12) ou des séances placebo (même modalités mais contenus différents, n=9).

Résultats 

  • En fin d’intervention, la différence moyenne du stress perçu (Perceived Stress Scale) par rapport à l’inclusion était réduite de moitié dans le groupe IBPC (1,42) par rapport au groupe placebo (3,44), avec une taille d’effet moyenne (n2= 0,07). Elle apparaissait également réduite en fin d’année dans les deux groupes (1,00 vs 1,33 respectivement, n2= 0,09).
  • Les scores mesurés sur la Cognitive and affective Minfullness Scale-Revised ont, eux, été multipliés par deux en fin d’intervention (3,08 dans le groupe IPBC contre 1,56 dans le groupe placebo), avec là aussi une taille d’effet modérée (n2= 0,13). Ces scores se maintenaient jusqu’en fin de première année dans le groupe IBPC, alors qu’ils se réduisaient dans le groupe placebo.
  • En ce qui concerne les fonctions exécutives et la mémoire de travail, les capacités se sont davantage améliorées dans le groupe IBPC que dans le groupe placebo en fin d’intervention (1,74 vs 1,46 pour les fonctions exécutives et 0,35 vs 0,21 pour la mémoire de travail), avec une faible taille d’effet dans les deux cas. Et cet effet est apparu de façon beaucoup marquée en fin d’année, sur les fonctions exécutives (2,04 vs 1,64, n2= 0,2) comme sur la mémoire de travail (0,68 vs 0,26, n2= 0,2).
  • Enfin, au cours d’une tâche de régulation émotionnelle, l’IRM fonctionnelle a pu mettre en évidence une activation significativement plus importante au sein de 3 aires cérébrales associées aux fonctions exécutives et à la régulation des émotions, dans le groupe IBPC : le gyrus frontal médian, supérieur et le précunéus/cortex cingulaire postérieur.

Limitations

Faible taille de l’échantillon et recrutement basé sur le volontariat.