Des hypokaliémiants topiques pour lutter contre les verrues

  • Rijsbergen M & al.
  • Br J Dermatol

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

Une étude de phase IIa randomisée a permis de montrer qu’une préparation topique de furosémide et de digoxine appliquée quotidiennement durant 6 semaines permettait de réduire la taille des verrues communes et plantaires par rapport à un placebo. Cette activité était également supérieure à celle des deux molécules appliquées seules. Les analyses complémentaires ont permis de vérifier que la charge virale HPV présente au niveau des lésions était significativement réduite à l’issue du traitement actif par rapport à l’inclusion.

Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?

Les traitements locaux des verrues restent encore insatisfaisants. La majeure partie des verrues plantaires et communes étant liée au papillomavirus (HPV 1, 2 et 57 majoritairement), un mécanisme d’action permettant d’en inhiber la réplication pourrait offrir une alternative thérapeutique intéressante. Comme les autres virus à ADN, la réplication du HPV nécessite du potassium. Ainsi, l’idée de détourner l’inhibition de l’influx potassique offerte par la digoxine et le furosémide a fait l’objet d’une étude de phase 1/2 ouverte concluante. Les données présentées ici sont les études de phase 2a obtenues chez des sujets présentant au moins 3 verrues de 3 mm ou plus (communes ou plantaires) et pour lesquels de précédents traitements (cryothérapie, acide salicylique…) ont échoué.

Méthodologie

Les patients recrutés ont été randomisés (1:1:1:1) entre digoxine-furosémide (0,125% p/p) digoxine (0,125% p/p), furosémide (0,125% p/p) et le placebo (excipient). Le traitement a été maintenu durant 6 semaines (S6), et le suivi a été maintenu jusqu’à la fin de la semaine 14 (S14). L’analyse a été menée en considérant une verrue parmi celles présentées par chaque patient (verrue primaire) ainsi que sur l’ensemble des verrues présentées par chacun.

Principales limitations

  • Au total, 80 personnes ont été recrutées et ont terminé l’étude, avec des caractéristiques sociodémographiques et cliniques identiques à l’inclusion dans les quatre groupes. Au total, 97,5% d’entre eux ont appliqué le gel une fois par jour pendant plus de 35 jours consécutifs.
  • À l’issue de l’étude, la réduction de la taille des verrues (critère principal) était supérieure dans le groupe digoxine-furosémide que dans le groupe placebo (-2,5 mm [-4,9 à -0,1], p= 0,04). La différence n’était pas significative pour les deux autres groupes actifs vs placebo. La diminution de la taille des verrues était supérieure à l’issue du traitement (S6) qu’à l’issue de l’étude (S14).
  • Au total, le taux de verrues primaires ayant disparu était identique dans les 3 groupes actifs (15 à 16%) vs placebo (0%). En revanche, lorsque toutes les verrues étaient considérées, le taux de lésions dont le diamètre a diminué de 90% au moins était supérieur dans le groupe digoxine-furosémide à l’issue de l’étude.
  • Parmi les 219 verrues analysées, 91% étaient positives à l’un des 23 génotypes d’HPV testés (38% HPV27, 26% HPV57, 24% HPV2). À l’issue de l’étude, la charge virale avait significativement diminué dans le groupe digoxine-furosémide par rapport au placebo (-94%). [-100 à -19], p= 0,03), la réduction de la taille de la verrue apparaissant corrélée à la réduction de la charge virale.
  • Le traitement était globalement bien toléré, avec un profil d’évènements indésirables similaire dans les différents groupes.

Financement

L’étude a été sponsorisée par Cutanea Life Science.