Des gènes relient maladie de Parkinson et cancer
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
Selon une étude d'association pangénomique conduite à partir de deux consortiums sur la maladie de Parkinson (MP) et de six consortiums sur le cancer, une large équipe internationale de chercheurs a pu renforcer les connaissances sur les corrélations génétiques existant entre la maladie neurodégénérative et certaines pathologies tumorales : ils confirment ainsi la relation positive qui lie MP et mélanome et décrit également des liens jusqu’à présent moins connus avec le cancer de la prostate.
La valeur du score de risque polygénique (SRP) de la MP est positivement associée au risque de développer un cancer du sein et à l’inverse, à un risque réduit de développer un cancer de l’ovaire, et la recherche des loci à risque avec effets partagés suggère l’existence d'un haplotype commun aux trois maladies.
Les auteurs soulignent que ce type d’études est complémentaire des études épidémiologiques et peut aider à comprendre « si la pléiotropie génétique pourrait expliquer certaines des associations mises en évidence par les études épidémiologiques. » Ces résultats « suggèrent l'importance de variants génétiques partagés entre la MP et certains cancers. » Ils invitent à explorer la pléiotropie des SNP (single nucleotide polymorphisms – polymorphismes nucléotidiques), gènes ou voies biologiques impliqués par les paramètres qui ont été identifiés pour mieux comprendre les mécanismes biologiques partagés entre MP et cancer, ainsi que leurs interactions aux facteurs environnementaux.
Pourquoi est-ce important ?
Les études épidémiologiques décrivent un risque plus faible de cancer chez les patients atteints par la MP que chez les autres, notamment lié au fait que la prévalence du tabagisme est moins élevée chez les premiers. Des associations semblent cependant exister concernant les cancers non liés au tabagisme, avec des tendances également différentes selon le statut tabagique des patients. Les données les plus probantes concernent le risque de mélanome, chez les MP comme chez les parents de ces patients. Cependant, les difficultés à identifier clairement les liens entre la MP et le risque de cancer sont souvent liées à des difficultés méthodologiques et des facteurs de confusion.
Cette étude présente l’avantage de s’être penchée sur les corrélations entre MP et cancer via une étude d'association pangénomique (GWAS) puis via le calcul de scores de risque polygénique (PRS).
Méthodologie
Les chercheurs ont utilisé les données individuelles issues de sujets inclus dans deux consortiums : Courage-PD et iPDGC. Ils ont utilisé les registres comportant au moins 50 patients ou cas contrôle enregistrés (personnes d'origine européenne), soit un total de 35 études cas-témoins, 8.919 cas et 7.600 témoins. Le second consortium iPDGC (33.674 cas, 449.056 témoins) BCAC (Breast Cancer Association Consortium), Prostate Cancer Association Group to Investigate Cancer Associated Alterations in the Genome, International Lung Cancer Consortium et Ovarian Cancer Association Consortium (effectifs compris entre 36.017 et 228.951 sujets). Les chercheurs ont calculé la corrélation génétique entre la MP et les cancers en utilisant le score de déséquilibre de liaison, qui permet d’identifier des associations privilégiées d’allèles dont la fréquence est supérieure à ce qui est attendu de façon aléatoire.
Principaux résultats
La méta-analyse des corrélations génétiques a montré une corrélation positive entre les SNP relatifs à la MP et ceux relatifs au mélanome, ainsi qu’entre la MP et le cancer de la prostate. Une corrélation génétique a été identifiée entre la MP et le cancer du sein dans les deux ensembles de données, mais elle n’était pas statistiquement significative. Enfin, pour les trois autres cancers (thyroïde, poumon et ovaire), les données étaient hétérogènes.
Une association positive a été identifiée entre le SRP lié au cancer du sein et la MP (OR 1,08 [1,06-1,10]), et une association inverse entre celui lié au cancer de l’ovaire et la MP (odds ratio 0,89 [0,84-0,94]).
Les SRP de la MP et du cancer de l'ovaire partagent une région commune sur le locus 17q21.31 qui a également été associée au cancer du sein. On la retrouve dans les SNP qui sont associés à un score élevé de déséquilibre de liaison (et donc une association probablement non aléatoire).
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé