Des facteurs de risque nutritionnels déterminent la vitesse du déclin cognitif

  • Bowman GL & al.
  • Alzheimers Dement (N Y)

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Trois biomarqueurs sanguins ayant un effet connu sur l’évolution cognitive : acides gras poly-insaturés-oméga3 (AGPI-n3) ≤4,82 g pour 100g d’acide gras totaux, vitamine D sérique  ≤20 ng/mL et homocystéine plasmatique (HCy) ≥14mol/L) constituent des facteurs de risque nutritionnels susceptibles d’accélérer l’évolution du déclin cognitif lié à l’âge chez des sujets de plus de 70 ans et présentant déjà un risque cognitif.
  • Le cumul de plusieurs facteurs de risque nutritionnels semble accélérer ce déclin.
  • Les auteurs suggèrent que l’optimisation de ces trois paramètres pourrait améliorer l’évolution cognitive des sujets âgés de façon personnalisée. Mais cela devra être confirmé par d’autres études.

 

Des études françaises et américaines réalisées sur différentes populations ont identifié les acides gras poly-insaturés oméga-3 des éryhthrocytes (ou AGPI-n3), l’apport en vitamine B pour réduire l’homycystéinémie (Hcy) et l’appport de vitamine D, comme des biomarqueurs de la qualité nutritionnelle associés à une évolution favorable de la cognition au cours du vieillissement. Le dosage sanguin de ces biomarqueurs permet une évaluation objective des apports nutritionnels et peut donc permettre d’évaluer l’interaction entre nutrition, évolution cognitive et risque de démence. Dans cette récente étude internationale, un index de risque nutritionnel établi à partir des valeurs sanguines de ces 3 facteurs de risque nutritionnels à l’inclusion, a été utilisé pour voir s’il existait une corrélation avec l’évolution cognitive de sujets âgés sur 3 ans.

Trois biomarqueurs sanguins pour définir un index de risque nutritionnel

L’index de risque nutritionnel (IRN) basé sur 3 biomarqueurs (acides gras poly-insaturés oméga-3 des éryhthrocytes (ou AGPI-n3), l’hydroxyvitamine D sérique, et l’homocystéine plasmatique (Hcyp)) a été calculé à l’inclusion chez environ 25% des participants à l’étude Multidomain Alzheimer Prevention Trial (MAPT) (n=712) en utilisant les valeurs seuils décrites dans la littérature pour définir les résultats non optimum (AGPI-n3 ≤4,82 % (g/100g d’acides gras totaux), vitamine D ≤20 ng/mL et HCy ≥14mol/L). Selon le nombre de facteurs de risque nutritionnels observés, cet index variait donc de 0 à 3 pour chaque individu, en fonction du nombre de facteurs dépassant ces valeurs seuils. Les sujets inclus dans l’étude MAPT étaient issus de 13 centres mémoires en France et à Monaco. Ils avaient 70 ans ou plus et présentaient un risque de déclin cognitif.

La vitesse du déclin cognitif sur 3 ans est corrélée au nombre de facteurs de risque nutritionnels

Au moins un facteur de risque nutritionnel (IRN≥1) favorisant le déclin cognitif a pu être identifié chez 80% des sujets inclus. Et parmi eux, 40,8% présentaient plusieurs facteurs de risque nutritionnels. Seuls 19,5% des participants ne présentaient aucun facteur de risque pour les 3 paramètres mesurés.

Les sujets qui n’avaient aucun facteur de risque nutritionnel (IRN=0) avaient une évolution cognitive favorable (ß=0,03 unité standard par an, us/an), tandis que l’ajout de chaque facteur de risque nutritionnel supplémentaire accélérait le déclin cognitif : IRN=1, ß=-0,04 su/an ; IRN=2, ß=-0,08 su/an ; IRN=3, ß=-0,011 su/an (p significatif pour les 3 comparaisons). Ainsi, par rapport aux participants qui n’avaient aucun facteur de risque nutritionnel (IRN=0), ceux qui en avaient 3 avaient un déclin cognitif correspondant à un âge de 4 années supplémentaires.