Des craquements dans le système de santé
- Actualités Médicales
« Nous sommes en guerre », disait le Président de la République au début de l’épidémie de COVID-19. Il pourrait sans doute répéter sa formule pour ce début d’hiver 2022, à la différence qu’à présent, les combats se déroulent sur plusieurs fronts et avec une armée en crise.
Le SARS-CoV-2 n’a pas disparu. Au contraire, le taux d’infections ré-augmente, alors que celui du nombre de vaccinés nécessitant une nouvelle dose de rappel progresse lentement1. La complexité des consignes vaccinales et une certaine lassitude y sont sans doute pour quelque chose2. Une grosse résurgence épidémique n’est pas certaine, l’histoire de ce virus oblige cependant à rester prudent1. La situation se complique avec la réapparition de la grippe, menaçant une population moins bien vaccinée que les années précédentes. Un troisième front infectieux s’est ouvert chez les enfants, avec une épidémie de bronchiolite survenant bien plus tôt et d’intensité bien plus forte que d’habitude, saturant les services hospitaliers de pédiatrie, voire ceux destinés aux adultes3. Malgré un Ségur de la santé hospitalo-centré, le nombre de lits hospitaliers a continué à baisser en 2021, rendant leur affectation difficile en temps normal et quasi tragique en temps de crise4,5,6.
L’actualité récente a fait ressortir d’autres problèmes, plus anciens mais d’ordinaire moins médiatisés. La pénurie de certains médicaments risque d’être critique dans les mois qui viennent7. Il s’agit en particulier de l’amoxicilline, largement prescrite8. Autre menace concernant les antibiotiques: l'antibiorésistance, de plus en plus sérieuse, partout dans le monde, mais particulièrement en France9 (Serge Cannasse. La France persiste à consommer trop d’antibiotiques. Univadis, 15 novembre 2022), où le volume des prescriptions inadéquates est particulièrement important.
Sur un autre sujet, les prises de position de plusieurs professionnels ont mis en lumière un fait largement méconnu de l’ensemble de nos concitoyens : les maladies mentales restent la première cause de consultations médicales. La situation est particulièrement inquiétante chez les enfants (il n’y a plus de pédopsychiatres dans 32 départements), alors que l’importance de diagnostiquer et soigner une pathologie mentale avant l’âge de 15 ans est bien établie10. Mais la situation des adultes à l'égard des maladies mentales n’est pas plus rassurante, avec plusieurs dizaines de milliers de patients graves ne bénéficiant d’aucune prise en charge. C’est la rançon d’un mouvement historique dévoyé : la fermeture des lits d’hospitalisation psychiatrique devait s’accompagner du redéploiement des moyens de prise en charge en ambulatoire à enveloppe budgétaire équivalente. Ça n’a pas été le cas, avec une conséquence paradoxale : faute de pouvoir être soignés en ville, dans des structures adéquates, certains patients passent leur vie à l’hôpital.
Cet état des lieux est loin d’être exhaustif : il ne fait que coller à l’actualité. La crise du système de santé ressemble à une hydre à multiples têtes. Quand l’une disparaît, quelle qu’en soit la raison, une autre surgit. Pour poursuivre la métaphore guerrière, quel est l’état des troupes de combat ? En particulier, où en est leur moral, à quoi tout stratège donne une importance capitale ? Comme le montrera l’article suivant, il est pour le moins morose.
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