Dépression : quels patients ont la plus forte probabilité de répondre à la kétamine ?

  • Price RB & al.
  • Mol Psychiatry
  • 7 sept. 2022

  • Par Caroline Guignot
  • Résumé d’articles
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À retenir

  • Une méta-analyse menée sur les données individuelles des patients confirme que la kétamine IV réduit efficacement les symptômes dépressifs à 1 et à 7 jours suivant l’administration par rapport à un bras contrôle.

  • Ce travail, qui a permis de constituer une cohorte hétérogène de patients, ne permet pas d’identifier des profils qui seraient plus répondeurs au traitement mais suggère que ce sont ceux qui ont été les plus fréquemment non répondeurs aux médicaments antérieurs qui peuvent principalement en bénéficier.

  • Cela suggère de conserver cette alternative aux symptôme dépressifs résistants, à moins qu’une urgence (risque suicidaire) ne la justifie.

Pourquoi est-ce important ?

Les études consacrées à l’évaluation de l’efficacité de la kétamine IV dans la dépression ont des résultats hétérogènes, et décrivent un bénéfice-risque variable selon les patients. Les méta-analyses disponibles ne peuvent pas rendre compte de cette hétérogénéité car elles sont conduites à partir des données globales de chaque étude. En menant une méta-analyse fondée sur les données individuelles issues de chacun des essais disponibles sur le sujet, les chercheurs ont souhaité à la fois mieux décrire les caractéristiques des patients pouvant en tirer le meilleur bénéfice individuel et déterminer s’il existe des combinaisons de caractéristiques qui permettraient d’identifier les patients éligibles.

Méthodologie

Cette méta-analyse a inclus tous les essais randomisés ayant comparé la kétamine IV à un ou plusieurs autres traitements chez des patients ayant un diagnostic psychiatrique impliquant des symptômes dépressifs (dépression unipolaire ou bipolaire, syndrome de stress post-traumatique…). 

Principaux résultats

Vingt-cinq études ont été identifiées, et 17 ont pu être incluses dans la méta-analyse des données individuelles (n=809).

La kétamine a été associée à un effet rapide significatif sur les scores de dépression (Échelle MADRS) dans la journée suivant l’administration, avec une probabilité de réponse de 45,5% contre 20,5% dans le bras contrôle (OR 3,20 [2,27-4,54], p<0,0001) et une probabilité de rémission rapide de 27,0% contre 13,0% respectivement (OR 2,41 [1,68-3,79], p<0,0001).

La même observation est faite pour l’effet de la kétamine sur le score de dépression à 7 jours post-administration : la probabilité de réponse est de 37,7% contre 18,3% dans le bras contrôle (OR 2,85 [1,89-4,36], p<0,0001) et la probabilité de rémission est de 25,0% vs 12,1% (OR 2,40 [1,51- 3,88], p=0,00023).

Deux paramètres liés aux études ont été identifiés comme étant significatifs sur les effets de la kétamine : le seuil de résistance des symptômes dépressifs exigé pour être inclus dans l’essai clinique (≥2 échecs thérapeutiques) et le fait que les essais soient fondés sur un protocole d’études croisées (études intra-individuelles). En revanche, aucun paramètre clinique propre au patient, ni aucune combinaison de facteurs n’ont été identifiés comme des caractéristiques utiles pour orienter la décision thérapeutique.