Dépression post-partum : repérer au plus tôt pour limiter les répercussions chez l’enfant
- Netsi E.
- JAMA Psychiatry
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
La dépression post-partum double le risque de troubles du comportement chez le jeune enfant. Les mères dont la dépression persiste au-delà de 8 mois après la naissance présentent un risque accru de dépression prolongée (risque observé jusqu’au 11 ans de leur enfant). Le risque de répercussion chez l’enfant est alors plus important, en particulier lorsque la dépression est d’intensité sévère. Les auteurs encouragent donc les praticiens à repérer et à prendre en charge ces femmes durant la période périnatale (période privilégiée de par la plus grande fréquence des contacts du couple mère-nourrisson avec le corps médical), mais aussi tout au long de la première année suivant l’accouchement, de façon à limiter les conséquences chez l’enfant.
Pourquoi est-ce important ?
La dépression post-partum (DPP) est un phénomène fréquent, affectant 10% des femmes dans les pays occidentaux. De nombreuses études ont montré qu’elle avait des répercussions sur l’enfant, augmentant notamment les troubles de comportement chez le jeune enfant et le risque de dépression chez l’adolescent, et réduisant le niveau de scolarité. En particulier, la chronicité et la persistance de la dépression de la mère apparaissent déterminants pour le développement de l’enfant. Mais les répercussions des dépressions post-partum associant ces deux caractéristiques ont été peu explorées. À partir de quel niveau de sévérité et de chronicité peut-on s’attendre à des conséquences sur l’enfant ? Une étude britannique vient de répondre à la question.
Principaux résultats
- 9.848 mères ont été incluses dans l’analyse. Elles avaient 28,5 ans en moyenne lors de l’accouchement.
- Les enfants de 6.182 mères ont pu être suivis jusqu’à l’âge de 11 ans et 3.613 enfants l’ont été jusqu’à 18 ans.
- Les scores de dépression des mères ont peu varié durant la période de suivi. Et les femmes dont la DPP persistaient à 2 et à 8 mois (score >13 à l’auto-questionnaire de l’Edinburgh Postnatal Depression, EPSD) avaient un risque plus élevé de dépression prolongée par la suite.
- Pour les mères qui avaient eu une DPP non persistante, le risque de troubles du comportement chez les jeunes enfant était doublé (vs mères sans DPP), quel que soit le niveau de sévérité. Il n’y avait pas d’impact sur la durée de la scolarité ni sur le risque de dépression à 18 ans.
- Le risque de répercussion chez les enfants était plus important chez ceux dont les mères avaient une DPP persistante par comparaison à ceux dont les mères avaient eu une DDP non persistante, en particulier lorsque la DPP était sévère.
- Les enfants dont les mères présentaient une DPP persistante modérée ou marquée avaient un risque plus élevé de présenter des troubles du comportement à 3,5 ans par comparaison aux mères qui n’avaient pas de dépression persistante, et ce quel que soit le niveau de sévérité (OR 3,04 et 2,84 respectivement).
- Ceux dont les mères avaient une DPP persistante sévère présentaient un risque plus élevé de troubles du comportement à 3,5 ans (OR 4,84), de scolarité plus courte (OR 2,65) et de dépression à 18 ans (OR 7,44).
- En revanche, une DPP non persistante modérée ou marquée n’augmentait pas le risque de scolarité écourtée, ni de dépression chez les enfants.
Méthode
- À partir des données longitudinales de la cohorte Avon, les conséquences d’une dépression post-partum ont été recherchées chez les enfants.
- La sévérité de la dépression était évaluée par l’auto-questionnaire EPSD. Des scores de 13 à 14 points indiquait une dépression modérée, 15 à 16 points, une dépression marquée et 17 points ou plus une dépression sévère.
- La dépression était considérée comme persistante lorsque les scores EPSD se maintenaient au-dessus de 13 à 2 et 8 mois après la naissance.
- L’évolution des scores EPSD mesurés à 6 reprises entre 21 mois et 11 ans était évaluée.
Limitations
Le nombre de femmes souffrant de DPP à la fois persistante et sévère était réduit.
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