Dépression du sujet âgé : un symptôme inaugural unique, des évolutions distinctes

  • Wen J & al.
  • JAMA Psychiatry

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Les données d’imagerie, de neurocognition et de génétique permettent de mettre en évidence deux groupes de sujets âgés atteints de dépression tardive : ils sont associés à des profils distincts à l’inclusion comme durant l’évolution, l’un d’eux étant associé au déclin cognitif lié à l’âge et au risque de maladie d’Alzheimer. Il est également associé à la présence d’un polymorphisme nucléotidique. 
  • Aussi, cette hétérogénéité pourrait constituer un élément pronostique de l’évolution neuropsychiatrique des patients âgés dépressifs.

Pourquoi est-ce important ?

La dépression du sujet âgé affecterait 1,8% à 7,2% des adultes vivant en ambulatoire. Le début et l’évolution de la pathologie présentent une importante hétérogénéité qui, on le sait,  découlent de spécificités biologiques différentes au niveau cérébral : ainsi, la dépression tardive serait associée à une atrophie corticale et à des anomalies au niveau de réseaux cérébraux spécifiques (réduction de la substance grise dans les cortex cingulaire antérieur et frontal médian, l'insula, le putamen ...).

Déterminer les sous-types biologiques pourrait aider à séparer les différentes formes de dépression tardive et mieux comprendre leurs liens avec les maladies neurologiques. Afin d’explorer la question, des chercheurs anglo-saxons ont conduit une étude spécifique à partir d’une large cohorte multicentrique.

Méthodologie

L'étude iSTAGING est un consortium international multicentrique qui étudie le vieillissement cérébral de plus de 35.000 participants de 13 études, âgés de 22 à 90 ans, dont une partie souffrant de troubles dépressifs majeurs. Une méthode de regroupement semi-supervisée (hétérogénéité par analyse discriminante ou HYDRA) a été utilisée pour analyser les données poolées et harmonisées des différents examens d'imagerie, ainsi que celle des évaluations neurocognitives et génétique des sujets âgés ayant une dépression tardive, après exclusion de ceux ayant des comorbidités neurologiques, psychiatriques ou facteurs de confusion potentiels. L’objectif était d’évaluer s’il était possible d’identifier des groupes distincts associés à des trajectoires spécifiques dans ce sous-groupe.

Principaux résultats

Les données de 501 participants âgés dépressifs (âge moyen 67,39 ans, 332 femmes) et 495 participants témoins (âge moyen 66,53 ans, 333 femmes) ont été incluses.

Deux dimensions ont permis de catégoriser l'hétérogénéité neuroanatomique entre les patients atteints de dépression tardive : la première était associée à une structure cérébrale préservée, ainsi qu’à la présence d’un variant génétique (rs13120336, odds ratio 2,35). La seconde était associée à une atrophie corticale avec des anomalies structurelles diffuses, notamment au niveau de la substance blanche, et à une plus grande déficience cognitive. Les données longitudinales décrivaient son association avec l’évolution vers la maladie d'Alzheimer et un vieillissement cognitif, avec une altération plus rapide des modifications de la substance grise à l’imagerie. À l’issue du suivi disponible, la différence entre les deux groupes est restée stable.