Dépistage du cancer du sein en Europe

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir 

L’actualisation d’une revue systématique de la littérature montre que les femmes qui vivent en zones socio-économiques défavorisées en Europe seraient moins susceptibles de bénéficier du dépistage du cancer du sein. D’autres études maintenant pourraient être menées spécifiquement au sein de ces populations, pour évaluer l’impact de la diminution du dépistage du cancer du sein sur la mortalité.

Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?

Les données épidémiologiques indiquent que 28% des cancers chez la femmes sont liés au sein. Les progrès des dernières décennies (dépistage, prévention, traitements) ont permis de faire diminuer les taux de mortalité liée à ce cancer. En Europe la plupart des pays ont développé des programmes de dépistage du cancer du sein. Des chercheurs ont souhaité  évaluer s’il existait une association entre le niveau socio-économique et le dépistage du cancer du sein en Europe.

Méthodologie

Cette revue systématique a inclus les études observationnelles les plus pertinentes ayant évalué le dépistage du cancer du sein sur différentes zones socio-économiques en Europe et ayant été publiées entre le 1er janvier 2008 et le 28 janvier 2019. Cette revue actualise une revue systématique publiée en 2008.

Principaux résultats

Au total, 13 études ont été incluses (4 anglaises, 3 françaises, 1 allemande, 1 italienne, 1 suédoise, 1 néerlandaises, 2 turques). L’étude la plus large était française (n=4,8 millions de femmes réparties sur tous les départements) et la plus petite également (n=4.940 femmes basées en Normandie).

Onze études sur treize ont mis en évidence une association négative entre le niveau socio-économique et le dépistage du cancer du sein. Les femmes qui vivaient dans une zone socio-économiquement défavorisée étaient moins susceptibles de bénéficier d’un dépistage du cancer du sein (niveau de preuves de qualité intermédiaire à élevée). 

Certaines données qualitatives suggèrent que les femmes vivant en zones socio-économiquement défavorisées seraient insuffisamment informées sur les programmes de dépistage par mammographie ou auraient de fausses croyances concernant la mammographie et le cancer. Dans certaines communautés, la peur, la gêne, les coûts associés, les contraintes familiales ont pu apparaître comme des facteurs limitant l’accès à la mammographie.

Paradoxalement, un moindre dépistage serait associé à une moindre incidence de la maladie et à une plus forte mortalité par cancer du sein.  

Ces résultats sont cohérents avec le fait que les personnes qui ont accès aux ressources les plus importantes (savoir, argent, pouvoir, prestige, connections sociales,…) sont plus susceptibles de bénéficier des innovations en termes de prévention et de traitement des maladies. Cela signifie également que les femmes appartenant aux zones socio-économiques défavorisées doivent faire l’objet d’un ciblage plus spécifique. 

Principales limitations

Plusieurs méthodes ont été utilisées pour évaluer l’indice de privation.