Dengue : une transmission autochtone qui augmente en Métropole

  • Fanny Le Brun
  • Actualités Médicales
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Au 20 septembre 2022, 47 cas autochtones de dengue répartis en 5 foyers ont été enregistrés en France métropolitaine depuis juillet. Ces chiffres marquent une augmentation de la transmission autochtone à plusieurs niveaux :

  • Le nombre de cas est un record, le maximum ayant été jusqu’ici de 14 en 2020 ;
  • La taille des foyers est plus importante que précédemment, en particulier un foyer dans une commune des Alpes-Maritimes avec 29 cas auxquels s’ajoutent 2 cas identifiés à proximité. L’épisode de transmission le plus important avait concerné jusqu’ici 8 personnes à Nîmes en 2015 ;
  • Le risque s’étend à des départements jusque-là épargnés : les Pyrénées-orientales, les Hautes-Pyrénées et la Haute-Garonne. Auparavant, les cas étaient majoritairement survenus dans le Var, les Alpes-Maritimes, l’Hérault et le Gard.

Pour rappel, la dengue est une maladie infectieuse due à un arbovirus transmis par des moustiques du genre Aedes : Aedes aegypti et Aedes albopictus (moustique tigre). Elle se manifeste le plus souvent par des symptômes de type grippal éventuellement associés à une éruption cutanée, dans les 3 à 14 jours qui suivent la piqûre par un moustique infecté. Généralement bénigne, la dengue peut toutefois se compliquer de défaillances viscérales et de formes hémorragiques justifiant l’hospitalisation en réanimation. C’est une maladie à déclaration obligatoire.

Le traitement est symptomatique (antalgiques et antipyrétiques), mais l’aspirine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont contre-indiqués du fait du risque hémorragique.

Pourquoi cette augmentation ?

Plusieurs facteurs peuvent contribuer à l’augmentation de cette transmission autochtone en Métropole :

  • L’extension sur le territoire et les fortes densités du moustique vecteur Aedes albopictus ;
  • La reprise des voyages et le retour des voyageurs de zone d’endémie ;
  • Les conditions climatiques favorables à la multiplication des moustiques avec chaleur et pluies.

Réchauffement, sécheresse, pluies abondantes et inondations favorisent la prolifération des moustiques. C’est pourquoi les arboviroses sont parmi les maladies infectieuses les plus liées au changement climatique. De même, l’importance des échanges commerciaux et humains à travers le globe, la déforestation et l’urbanisation sont des facteurs contribuant fortement à leur multiplication.

Quelle prévention ?

La prévention doit être individuelle et collective :

  • Lutter contre les gîtes larvaires à son domicile et dans l’espace public ;
  • Se protéger avec des vêtements couvrants, des moustiquaires et des répulsifs (sprays ou crèmes, serpentins, diffuseurs électriques), en particulier en voyage dans les zones d’endémie et au retour de voyage pour éviter d’infecter des moustiques. A noter que les moustiques vecteurs Aedes piquent surtout la journée ;
  • Mettre en œuvre d’une démoustication par les Agences régionales de santé (ARS) dès le signalement d’un cas importé ou d’un cas autochtone ;
  • Développer des vaccins : un premier vaccin contre la dengue a été mis sur le marché mais il n’est pas recommandé aux personnes vivant sur le territoire métropolitain ;
  • Consulter dès les premiers symptômes évocateurs, en particulier s’ils apparaissent dans les 15 jours qui suivent le retour d’un voyage en zone tropicale, pour être pris en charge et informé des recommandations sanitaires afin d’éviter de transmettre la maladie à son tour (en évitant d’être piqué par des moustiques pendant la période de contagiosité).

Une réponse globale, multidisciplinaire, associant l’ensemble des sociétés et des populations est nécessaire.