Dengue : peut-on identifier les patients à risque de forme hémorragique ?

  • Fanny Le Brun
  • Actualités Médicales
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

Infection virale transmise par les moustiques, la dengue se manifeste, dans sa forme classique, par des symptômes bénins. En revanche, dans sa forme la plus grave, elle peut être hémorragique avec des complications potentiellement mortelles : on recense ainsi en moyenne 500.000 cas hémorragiques par an dans le monde. Il a été établi que ces complications surviennent principalement chez les personnes ayant déjà été infectées par le virus de la dengue et possédant donc déjà des anticorps spécifiques dirigés contre ce virus. Se pose alors la question de savoir pourquoi ces anticorps ne permettent pas de contenir l’infection et s’ils jouent un rôle dans la gravité en cas de réinfection ?

Ainsi, des chercheurs de l’Institut Pasteur du Cambodge, de l’Université de Rockfeller, en collaboration avec l’Institut Pasteur à Paris et le CNRS, ont découvert que certains anticorps antidengue produits après une infection n’avaient pas de fucose, un sucre qui entre normalement dans la structure de ces anticorps. Les scientifiques ont réussi à démontrer que « cette délétion entraîne une liaison trop forte de ces anticorps avec les globules blancs, ce qui conduit à une sur-activation du système immunitaire. Il en résulte une inflammation et une évolution vers une forme sévère de la maladie ». De plus, ils ont constaté que les niveaux d'anticorps sans fucose sont plus élevés chez les patients après une infection et pendant la convalescence.

Cette étude, publiée dans la revue Science, conclut que « la détection d'anticorps anti-dengue sans fucose dans le sang des patients au moment de leur hospitalisation représente un indicateur robuste pour prédire les formes hémorragiques de la dengue ». Cet indicateur pourrait favoriser une prise en charge précoce des cas potentiellement mortels. Même s’il n’existe pas encore de traitement spécifique, « comprendre le mécanisme de la maladie est le point de départ pour le développement d'un traitement efficace » conclut Anavaj Sakuntabhai de l’Institut Pasteur à Paris.