Déficits auditifs et visuels contribuent à accélérer le déclin cognitif

  • Maharani A et al.
  • Age and Ageing

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

Chez les sujets âgés (>50 ans), les troubles auditifs ou visuels sont associés de façon indépendante à un déclin cognitif accéléré par rapport à des sujets non concernés par ces troubles. Et cette association apparaît encore plus marquée lorsque ces deux types de déficit sensoriel sont présents en même temps. Les auteurs incitent à revoir les stratégies de prévention en incluant la réhabilitation auditive et/ou visuelle de façon à préserver les capacités cognitives.

Pourquoi est-ce important ?

Etant donné le fardeau de plus en plus important que représentent les démences dans la population âgée, la préservation des capacités cognitives jusqu’à un âge le plus avancé possible devient un enjeux essentiel. Plusieurs études transversales ont déjà suggéré que les troubles de la vision et/ou de l’audition chez les sujets âgés sont susceptibles d’augmenter le risque de déclin cognitif et de favoriser la survenue de démence, mais les quelques études longitudinales disponibles sur ce sujet n’ont pas permis de le confirmer, probablement en raison d’un fort risque de biais d’attrition. Une étude britannique s’est donc attachée à identifier le lien entre troubles sensoriels et trajectoire du déclin cognitif, à partir des données de 3 grandes études internationales sur le vieillissement, et en tenant compte de l’attrition liée aux sorties d’essai fréquentes aux âges avancés.

Résultats

  • Les données de 13.123, 11.417 et 21.265 sujets de plus de 50 ans ayant répondu par auto-questionnaire aux études longitudinales HRS, ELSA et SHARE, ont été utilisées pour tracer les trajectoires cognitives des participants sur le long terme. 
  • Les répondeurs ayant déclaré un seul trouble sensoriel (auditif ou visuel), ou les deux, présentaient des scores de mémoire épisodique plus faibles que ceux qui n’avaient déclaré aucun de ces troubles (test de rappel de 10 mots immédiat et différé). Et cette association paraissait encore plus marquée lorsque l’attrition était prise en compte.
  • En dehors de l’âge et des déficits visuels ou auditifs, le fait d’être une femme, d’avoir un niveau élevé d’éducation, d’être actif et d’avoir une situation aisée, étaient associés à de meilleurs résultats cognitifs. De plus hauts niveaux d’interaction sociale et d’activité physique étaient également associés à de meilleurs résultats cognitifs.
  • À l’inverse, une association négative était observée entre statut fonctionnel sur l’échelle ADL et dépression d’une part, et fonctionnement cognitif d’autre part.
  • La présence d’un déficit auditif ou visuel avait un impact négatif sur la trajectoire cognitive et cet effet était majoré par la présence d’un second déficit sensoriel.

Méthodologie

Cette étude a été réalisée à partir de 3 études internationales sur le vieillissement : Health and Retirement Survey (HRS, 12 vagues de données démarrées en 1992), English Longitudinal Study of Ageing (ELSA, 7 vagues démarrées en 2002) et Survey of Health, Ageing, and Retirement in Europe (SHARE, 5 vagues à partir de 2004). Les données démographiques, socio-économiques et de santé de sujets de plus de 50 ans ont ainsi été colligées à partir d’auto-questionnaires et celles de 9 pays européens ont été prises en compte dans l’analyse.

Le modèle utilisé permettait de prendre en compte les problèmes d’attrition intrinsèques au profil longitudinal de l’étude dans cette population.

Limitation

Les déficits sensoriels étaient établis à partir d’auto-questionnaires. Cela a pu conduire à leur sous-estimation et ne permettait pas d’évaluer la sévérité des troubles.

Il s’agit d’une étude observationnelle. L’association entre déficits sensoriels et cognition a donc pu être affectée par des facteurs non mesurés.