De nouvelles données mitigent l’intérêt de la e-cigarette comme aide au sevrage tabagique

  • Chen R & al.
  • Tob Control

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon une étude américaine, les fumeurs seraient moins aptes à réussir leur sevrage tabagique en utilisant des e-cigarettes en comparaison de ceux utilisant d’autres moyens de sevrage, comme les substituts nicotiniques ou les médicaments. 

  • Ces dispositifs ne permettraient pas non plus de réduire le risque de rechute.

Pourquoi est-ce important ?

Différents essais cliniques suggèrent l’efficacité des e-cigarettes dans l’arrêt du tabagisme, mais les données en vie réelle apparaissent contradictoires. Par ailleurs, des dispositifs délivrant de fortes teneurs en nicotine (>4%) sont disponibles aux États-Unis et pourraient avoir une efficacité distincte des dispositifs plus classiquement dosés. Aussi, il était intéressant d’évaluer leur capacité à aider les fumeurs dans leurs démarches d’arrêt.

Méthodologie

L'étude de cohorte PATH a été initiée en 2013 et visait à recueillir les habitudes de fumeurs au cours d’une enquête conduite tous les 1 à 2 ans. Parmi elle, une analyse a été menée spécifiquement chez ceux qui déclaraient avoir essayé d’arrêter de fumer dans les 12 mois précédant la vague d’enquête de 2017. Ainsi, les chercheurs ont comparé la façon dont les aides utilisées étaient ou non associées à un sevrage tabagique de plus de 12 mois en 2019. Ils ont également évalué la façon dont la e-cigarette a pu aider au maintien de l'abstinence chez ceux qui avaient déclaré un arrêt récent en 2017.

Principaux résultats

En 2017, 32,8% des sujets étaient des fumeurs ayant déclaré avoir tenté d'arrêter de fumer l'année précédente et 12,4% des fumeurs qui avaient récemment arrêté. Parmi les premiers, la plupart ont déclaré n’avoir utilisé aucune aide (60,4%) tandis que 12,6% déclaraient avoir utilisé des e-cigarettes pour les aider et 20,6% un substitut nicotinique ou un médicament. Parmi les seconds, 68,8% n’utilisaient pas de produits de remplacement, tandis que 15,3% étaient passés aux e-cigarettes (9,1% de consommation quotidienne, 6,2% non quotidienne) et 15,9% utilisaient un autre produit de tabac. À noter que parmi ceux qui étaient passés aux e-cigarettes, 2,2% utilisaient des e-cigarettes avec une concentration >4%.

Parmi les individus ayant déclaré avoir tenté d'arrêter de fumer en utilisant une e-cigarette et qui avaient réussi à s’arrêter sur au moins 12 mois, le taux d'abstinence était inférieur à celui observé chez ceux ne les ayant pas utilisés (différence de risque ajusté ou DRa -7,7 [-12,2 à -3,2]). Il était aussi inférieur à celui relevé chez des personnes ayant utilisé des substituts nicotiniques ou des médicaments (DRa -7,3 [-14,4 à -0,4]). Soit entre 7 et 8 personnes de moins ayant réussi pour 100 candidats au sevrage tabagique.

Sur le critère de l'abstinence combinée de cigarettes, d'e-cigarettes ou de tout autre produit contenant du tabac pendant plus de 12 mois, la DRa était aussi significativement inférieure chez ceux qui avaient eu recours aux e-cigarettes, avec respectivement un taux d'abstinence inférieur de 7,4% et de 6,4% par rapport aux deux autres catégories d’individus.

Par ailleurs, le passage aux e-cigarettes n'a pas réduit le risque de rechute, puisque près de 60% des fumeurs ayant récemment arrêté et qui utilisaient quotidiennement des e-cigarettes avaient recommencé à fumer en 2019.

Si cette étude est observationnelle et ne permet pas d’établir de causalité, elle interroge sur la capacité de ces dispositifs à participer véritablement au succès du sevrage tabagique, même s’il faut considérer ici que les dispositifs délivrant de hauts taux de nicotine - supérieurs aux cigarettes traditionnelles – ont une pénétration significative sur le marché de la e-cigarette, alors qu’ils sont interdits en France.