De nouvelles approches pour traiter les troubles cognitifs et anxio-dépressifs associés à la BPCO
- Pelgrim CE & al.
- Eur J Pharmacol
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
Les troubles cognitifs et anxio-dépressifs sont fréquents chez les sujets atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) mais restent peu détectés et donc mal pris en charge. Une revue parue dans l’European Journal of Pharmacologyfait le tour des différentes stratégiesactuellement envisagées pour les prévenir et les traiter. Au-delà des traitements pharmacologiques, les approches nutritionnelles ou susceptibles de moduler le microbiote intestinal suscitent de plus en plus d’intérêt.
Les comorbidités cognitives et psychiatriques sont fréquentes chez les patients BPCO, pourtant seuls 31% de ceux qui présentent des troubles dépressifs ou anxieux sont actuellement traités. On sait aujourd’hui que l’inflammation joue un rôle central dans le développement de ces troubles. Aussi, différentes stratégies sont explorées pour tenter de la limiter.
Traiter les troubles anxio-dépressifs et cognitifs en ciblant l’inflammation
Un lien a été clairement établi entre traitement anti-inflammatoire et effet antidépresseur. Une méta-analyse a notamment montré que le célécoxib réduisait les symptômes dépressifs chez les sujets déprimés, sans effets indésirables notables. Il est donc possible que des stratégies visant l’inflammation aient leur place dans le traitement de la dépression des patients BPCO à l’avenir.
Comme certains de ces patients, y compris non hypoxiques, peuvent présenter un déclin cognitif prématuré, cette approche est également envisagée dans la prise en charge de ce trouble. Même si son mode d’action reste encore incompris, le roflumilast par exemple, un inhibiteur de la phosphodiestérase 4, a montré qu’il pouvait améliorer la mémoire chez des sujets adultes sains, ainsi que dans un modèle animal de maladie d’Alzheimer.
L’approche nutritionnelle
L’apport de différents nutriments à effet anti-inflammatoire pourrait avoir un effet systémique en agissant sur différents organes et tissus. Une association d’acides gras oméga-3, d’uridine, de cofacteurs enzymatiques, et de vitamines- dont on connaît les propriétés anti-inflammatoires a montré une efficacité à prévenir la perte de volume hippocampique, à faciliter la formation de synapses et à améliorer la connectivité cérébrale, ainsi que les fonctions cognitives et l’anxiété, dans les stades précoces de maladie d’Alzheimer et dans un modèle de maladie de Parkinson. Une autre approche de supplémentation (leucine, vitamine D et acides gras oméga-3) a été évaluée chez les patients BPCO et une amélioration des symptômes dépressifs a pu être observée chez les patients supplémentés vsplacebo. Ces résultats demandent cependant encore à être confirmés. D’autres études ont aussi évalué l’effet d’une supplémentation en anti-oxydants (vitamine C, E ou N-acétylcystéine) chez des patients âgés ou dépressifs et ont observé une amélioration des performances cognitives et de l’humeur. Des essais cliniques chez les patients BPCO sont maintenant attendus.
La modulation du microbiote intestinal
Cette approche fait aujourd’hui couler beaucoup d’encre. Les prébiotiques, qui sont des fibres non digestibles, sont capables d’améliorer la barrière intestinale et la fonction immunitaire en favorisant un meilleur équilibre du microbiote intestinal. Dans l’intestin, ces fibres sont transformées en acides gras à chaîne courte (AGCC), et notamment en butyrate, dont les propriétés anti-inflammatoires sont bien décrites. Ces AGCC ont permis d’améliorer la fonction cognitive dans des modèles animaux de troubles cognitifs. Ils ont également pu réduire l’inflammation pulmonaire et l’hypertrophie ventriculaire droite dans des modèles animaux de BPCO.
Les probiotiques constituent une autre possibilité pour moduler l’axe intestin-cerveau (système nerveux entérique-nerf vague-système-nerveux central), puisque des effets anxiolytiques et antidépresseurs, impliquant également les voies immunitaires, ont été décrits, toujours chez l’animal. Leur intérêt pour améliorer l’humeur et les fonctions cognitives des patients BPCO reste cependant à démontrer.
Voir aussi sur Univadis :
- Prise en charge des comorbidités psychiatriques et des troubles cognitifs dans la BPCO
- Pourquoi les patients BPCO sont-ils plus à risque de comorbidités psychiatriques et cognitives ?
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