De la médecine de précision à la prévention personnalisée

  • Serge Cannasse
  • Actualités professionnelles
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L’Académie de médecine s’est emparée du terme « médecine de précision » en proposant d’élargir le concept qu’il recouvre aux populations « marquées par le vieillissement et la perte d’autonomie ou évoluant vers ces situations » [1]. En effet, à l’origine, le terme vise des patients, souvent peu nombreux, pour qui existe un produit de santé dont le coût est souvent élevé. Or, la population âgée est celle pour qui les dépenses de santé sont les plus importantes. Pour les réduire et maintenir les patients en bonne santé et actifs, ça n’est pas tant les produits de santé qui importent que la « prévention personnalisée » (quitte à ce qu’elle recourt à certains de ces produits).

Celle-ci vise « l’identification de facteurs de risque sur lesquels il est possible d’agir ». Sont en particulier visées les maladies cardiaques, le diabète, les maladies cérébrovasculaires, les états dépressifs et les cancers. Ces pathologies ont en commun un début insidieux, une évolution trompeuse et un pronostic longtemps difficile, ainsi que des coûts de prise en charge importants.

La prévention personnalisée est ainsi fondée sur des données individuelles et familiales, des informations environnementales (professionnelles, domestiques, etc.) et les comportements des patients concernés (par exemple, leur alimentation). Aussi elle encourage à compléter les visites médicales annuelles par un recours large aux dispositifs de surveillance continue de la santé, qui en fourniront une image plus précise dépassant la simple différence entre statut asymptomatique et présymptomatique.

Elle incite également à recourir aux technologies portables de précision (notamment les capteurs) qui fournissent des données physiologiques en temps réel permettant de suivre objectivement l’état de santé fonctionnelle (mobilité, posture, activité quotidienne, qualité du sommeil), de proposer une réadaptation personnalisée, de faciliter le diagnostic et la décision thérapeutique et d’en évaluer les résultats, enfin de prévoir les exacerbations aiguës de maladies chroniques. Elles imposent évidemment que leur confidentialité soit garantie.

Pour atteindre ces objectifs, l’Académie formule trois recommandations.

  1. Générer un « film » en temps réel sur la santé de chaque individu concerné, grâce à la coopération des professionnels de santé et des patients, en identifiant les périodes pendant lesquelles les interventions seraient les plus efficaces pour permettre d’améliorer le « bien vieillir », notamment les vaccinations.

  2. Lancer des campagnes de prévention promouvant en particulier les « rendez-vous de prévention » aux âges clefs de la vie (40-45 ans ; 60-65 ans), ainsi que les progrès technologiques.

  3. Pour les pouvoirs publics, affecter des moyens financiers pour des politiques de prévention en santé permettant la réalisation de cette « prévention personnalisée ».

Pour conclure, le concept de prévention personnalisée rassemble les idées de ce qui a longtemps été nommé la médecine des 4P : personnalisée, préventive, prédictive et participative. Les développements technologiques modernes lui donnent une nouvelle vigueur.