Daridorexant : études de phase 3 positives dans l’insomnie

  • Mignot E & al.
  • Lancet Neurol

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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A retenir

  • Le Lancet Neurology publie un article compilant les données de deux études de phase 3 ayant comparé des posologies différentes de daridorexant au placebo chez des sujets souffrant d’insomnie. À la dose de 50 mg par prise, cet antagoniste des récepteurs de l’orexine permet d’améliorer la latence d’endormissement et le temps total d’éveil après l’endormissement (WASO) par rapport au placebo. Il permet aussi de réduire significativement la somnolence diurne rapportée par les patients. Parallèlement, aucun signal particulier n’a été observé concernant la sécurité du traitement ou sa tolérance. La molécule fait aujourd’hui l’objet d’une procédure d’enregistrement au niveau de l’Agence Européenne du médicament.

Pourquoi est-ce important ?

Les médicaments disponibles pour prendre en charge les troubles du sommeil ne permettent pas d’offrir une induction ou un maintien du sommeil suffisants, et tendent à avoir une efficacité décroissante avec le temps. Par ailleurs, ils ne permettent généralement pas d’améliorer les symptômes diurnes liés à l’insomnie. Aussi, le développement de molécules ayant des mécanismes d’action différents peut être intéressant. Le daridorexant est un antagoniste double des récepteurs de l’orexine qui vise à bloquer spécifiquement le système de l'orexine dont le rôle dans le maintien de l’éveil est démontré. Après des données de phase 2 positives, deux études de phase 3 comparant différentes posologies ont été menées.

Méthodologie

Les deux études multicentriques de phase 3, randomisées en double aveugle versus placebo, ont recruté des sujets ≥18 ans souffrant d'insomnie modérée à sévère (score de sévérité ISI≥15). Dans l’étude 1, ils ont été randomisés (1:1:1) entre daridorexant 50 mg, 25 mg et un placebo et, dans l’étude 2 (1:1:1) entre daridorexant 25 mg, 10 mg et un placebo. Les produits étaient administrés tous les soirs pendant 3 mois. Les patients ont bénéficié d’une polysomnographie à l’inclusion puis à 1 et 3 mois afin d’enregistrer la latence d’endormissement et le temps total d’éveil après l’endormissement (WASO) (critères principaux d’évaluation).

Principaux résultats

Dans l’étude 1 (n=930), la latence d’endormissement des patients traités par 50mg de daridorexant était réduite de 22,8 min [-28,0 à -17,6] et de 18,3 min [-23,9 à -12,7] à 1 et 3 mois versus placebo, tandis que leur WASO était réduit de 11,4 min [-16,0 à -6,7] et 11,7 min [-16,3 à -7,0] aux mêmes temps de suivi (p tous significatifs). Ces critères étaient aussi améliorés par la posologie de 25 mg (avec -11,9 min [-17,5 à -6,2] et -7,6 min [-12,3 à -2,9] respectivement). La durée totale moyenne de sommeil déclarée par les patients était aussi améliorée avec les deux posologies (19,8 et 9,8 minutes respectivement à 3 mois), tandis que le score de somnolence diurne (IDSIQ) n’était statistiquement amélioré que sous la plus forte posologie.

Dans l’étude 2 (n=924), les critères principaux et secondaires d’évaluation n’étaient pas statistiquement améliorés par la posologie la plus faible (10 mg). Sous la posologie élevée (25 mg), seul le WASO l’était à 1 ou 3 mois (-11,6 min [-17,6 à -5,6] et -10,3 min [-17,0 à -3,5] respectivement). De plus, les différence observées pour la latence d’endormissement (-6,5 min et -9,0 minutes) n’étaient pas statistiquement significatives. Le temps de sommeil auto-déclaré était aussi amélioré dans le groupe daridorexant 25 mg vs placebo.

Sur le plan de la sécurité, l'incidence globale des effets indésirables était comprise entre 38 % et 39% dans les différents groupes sous daridorexant, contre 33 et 34% dans les groupes placebo. Les principaux évènements étaient la rhinopharyngite et les maux de tête. Aucune différence n’a été observée en termes d’évènements indésirables graves (au nombre de 2 ou 3 dans les groupes daridorexant, et de 3 et 7 dans les groupes placebo). Il n'y a pas d'augmentation dose-dépendante des effets indésirables. Aucun effet rebond ou aucune dépendance n’ont été observés à l’arrêt du traitement.