Dapagliflozine : un bénéfice collatéral vis-à-vis du risque de goutte

  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir

  • La compilation de deux études pivots ayant évalué la dapagliflozine chez des sujets en insuffisance cardiaque versus placebo confirme que l’inhibiteur du cotransporteur sodium-glucose SGLT2 (iSGLT2) a un effet concomitant sur le risque d'initiation d'un traitement contre la goutte.

  • Cette observation conforte l’hypothèse d’un effet favorable de ces molécules sur les taux d’acide urique, sans que le mécanisme ne soit connu. Les auteurs reconnaissent que, « quelle qu'en soit la raison, la réduction de la nécessité d’un traitement anti-goutteux représente un avantage clinique supplémentaire significatif de la dapagliflozine chez les patients atteints d’IC [insuffisance cardiaque] » dans la mesure où ils permettraient de réduire la polymédication et les problèmes d’interactions médicamenteuses qu’elle soulève.

Pourquoi est-ce important ?

Les inhibiteurs du cotransporteur sodium-glucose SGLT2 (iSGLT2) sont indiqués chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque chronique. Ces médicaments réduisent les taux d'acide urique et peuvent réduire l'incidence de la goutte, qui est une comorbidité fréquente de l'insuffisance cardiaque. Il était donc intéressant de compiler les données d’études cliniques afin de mieux apprécier dans quelle mesure la dapagliflozine peut influencer le recours à des traitements anti-goutteux.

Méthodologie

DAPA-HF et DELIVER sont deux études cliniques incluant des patients souffrant d'insuffisance cardiaque symptomatique et présentant des taux élevés de peptide natriurétique. Ils ont été randomisés, en double aveugle, entre un groupe traité par dapagliflozine 10mg et un autre par placebo.

Les antécédents de goutte ont été recensés et les patients qui n'étaient pas traités par un hypouricémiant ou par la colchicine à l’inclusion ont été inclus dans l’analyse visant à identifier ceux qui initiaient ce type de traitement.

Principaux résultats

Les deux études ont rassemblé un total de 11.005 patients dont 10,1% avaient des antécédents de goutte à l’inclusion, le chiffre étant globalement comparable chez ceux qui avaient ou non une fraction d’éjection du ventricule gauche (FEVG)≤40%. Indépendamment de la valeur de la FEVG, ceux atteints de goutte avaient un risque cardiovasculaire significativement plus élevé, sans que la mortalité cardiovasculaire, toutes causes confondues ou les hospitalisations pour IC ne soient significativement plus élevées.

La dapagliflozine réduisait le risque de décès cardiovasculaire de façon équivalente chez ceux qui étaient atteints de goutte ou non (HR 0,79 [0,71-0,87]).

Au cours du suivi, 1,0% de ceux qui n’étaient pas initialement traités par colchicine ont initié ce traitement, soit 3,9 pour 1000 personnes-années dans le groupe dapagliflozine contre 7,2 dans le groupe placebo. Ainsi, l'utilisation de la dapagliflozine était associée à une réduction du recours à la colchicine par rapport au placebo (HR 0,54 [0,37-0,80]), sans différence entre ceux qui avaient ou non des antécédents de goutte.