Dans quelle mesure le climat risque-t-il d’impacter la disponibilité alimentaire d’ici 2050 ?
- Beach RH & al.
- Lancet Planet Health
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
- Dans un article paru dans The Lancet Planet Health, des chercheurs américains ont analysé la disponibilité de différents nutriments à l’horizon 2050, en prenant en compte les effets du changement climatique sur la productivité des cultures alimentaires, l’évolution des technologies et des marchés, ainsi que sur la modification de la teneur des aliments en nutriments liée à l’augmentation des taux de CO2 atmosphérique.
- Ils montrent qu’une réduction globale de près de 20% de la disponibilité des protéines est attendue en 2050 par rapport à 2010, et de près de 15% pour celles du fer et du zinc.
- La réduction de la teneur en nutriments dans les produits alimentaires liée à l’augmentation des taux de CO2 apparaît comme un facteur important qui devra être surveillé à l’avenir.
Même si la sous-nutrition a diminué de façon significative au cours de ces dernières décennies, le fardeau des maladies associées à un déficit d’apport en protéines, en fer et en zinc reste important. Et la demande en nutriments augmentant avec la population, il existe un risque sur la sécurité alimentaire, en particulier chez les enfants. Le changement climatique a également été identifié comme une menace pour la sécurité alimentaire à plus court terme. Si l’augmentation des taux de CO2 atmosphériques peut avoir un effet fertilisant et favoriser la croissance des végétaux, des températures plus élevées, la modification des précipitations, des événements météorologiques extrêmes et d’autres contraintes liées au climat, risquent fort de réduire le rendement des cultures. De plus l’augmentation des taux en CO2 atmosphériqueréduit la teneur en micro- et macronutriments de nombreux produits agricoles (pénalité CO2).
Une projection de la disponibilité des nutriments à 2050
Pour estimer l’impact du changement climatique à l’horizon 2050, une étude américaine a réalisé différents scénarii, avec des projections intégrant les rendements agricoles, les prix, la réaction des marchés et la consommation, afin d’évaluer la disponibilité en nutriments. Dans un premier scénario, les chercheurs ont estimé qu’une augmentation du rendement des cultures et des revenus d’ici 2050 permettrait une augmentation de la disponibilité de nutriments par habitant (+17,6% de protéines, +19,9% de fer et +18,2% de zinc), par rapport à 2010. Mais l’application d’une pénalité CO2 à ce premier scénario à partir de la base de données Loladze* a fait apparaître une diminution de la disponibilité en protéine de 4,1%, en fer de 2,8% et en zinc de 2,5% par rapport au scénario 2050 sans pénalité carbone. L’utilisation de la base de données Myers* a, quant à elle, estimé des pertes de disponibilité de 2,9%, 3,9% et 3,4% respectivement. Cet effet est apparu pour l’ensemble des régions du monde, et avec une amplitude très variable selon la région considérée. Les régions les plus affectées étant celles dont l’apport en protéine, fer et zinc, repose davantage sur les plantes et moins sur des sources d’origine animale.
Un effet important des taux de CO2sur la teneur en nutriments
Selon ce même modèle, une augmentation de la productivité des cultures du fait de l’augmentation de la teneur en CO2 devrait conduire à une augmentation de la disponibilité des différents nutriments, mais cet effet serait largement surpassé par la baisse de la teneur en nutriments. La baisse de productivité liée au changement climatique (température, précipitations) devrait quant à elle engendrer une légère baisse de la disponibilité, mais qui reste modeste au regard des autres effets. Globalement, tous effets combinés, le changement climatique devrait être responsable d’une réduction importante de la disponibilité des nutriments en 2050 par rapport à 2010, de 19,5% pour les protéines, 14,4% pour le fer et 14,6% pour le zinc en tenant compte de l’évolution technologique et des marchés d’ici là. Et les difficultés d’accès aux protéines devraient être plus importantes dans les pays de l’Est, du Moyen Orient, d’Afrique du Nord et d’Europe de l’Est où l’apport est plus dépendant des cultures de blé.
* Ces bases de données rapportent les observations sur la teneur en protéines, en fer et en zinc de différents types de culture sous différents taux de CO2 atmosphériques.
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