Dans quel contexte les morsures de vipères surviennent -elles ?
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
Une étude conduite dans la zone géographique la plus concernée par les morsures de vipère montre plusieurs facteurs de risque de survenu : présence de la vipère, température moyenne, heure de la journée, mais aussi transformation, artificialisation des sols et densité urbaine. L’importance de la pression touristique sur le risque de morsures n'est significative que pour les piqûres par la vipère aspic.
Connaître les dimensions écologiques et géographiques sur le sujet « permet aux décideurs publics de mettre en place des mesures de prévention des morsures et de protection des zones où les vipères sont présentes », « peut être un outil pour mieux distribuer les antivenins, des produits coûteux pour lesquels des pénuries sont possibles », « sans conduire à la désertion des touristes ou à la destruction des vipères ou de leurs habitats. »
Pourquoi est-ce important ?
Quatre espèces de vipères cohabitent en France : Vipera aspis (vipère aspic), Vipera berus (vipère commune), Vipera seoanei (vipère de Seoane) et Vipera ursinii (vipère d'Orsini), ces deux dernières étant peu agressives et présentes sur des aires géographiques très étroites. Les deux premières sont responsables de 200 à 300 morsures par an en France, avec de fortes disparités régionales. Mais la plupart des études dédiées se sont intéressées à l’impact clinique ou épidémiologiques des morsures, moins souvent à l'écologie et à la pression anthropique sur l’habitat de ces animaux. Elles ont pourtant un risque déterminant sur le risque de morsures. Ce travail a été conduit sur le quart nord-ouest de la France, où le risque semble le plus élevé du territoire.
Méthodologie
Tous les cas de morsure entre janvier 2012 et mai 2021 ont été extraits de la base de données nationale française des cas d'intoxication, qui est alimentée par les appels reçus par les centres antipoison français, en limitant la zone d'étude à la Normandie, la Bretagne, les Pays de la Loire, et Centre-Val de Loire. Les cas très probables ou probables d'une vipère dans la morsure ont été classifiés selon le contexte de la piqûre et selon le contexte climatique, géographique, la densité urbaine et la densité de l’activité touristique.
Principaux résultats
Au total, 703 cas de morsures ont été enregistrés dans 488 communes, principalement en Pays de la Loire (41,8% des cas) ou Centre-Val de Loire (28,0%),
Les morsures ont eu lieu principalement au cours des deuxième et troisième trimestres de l’année (93,9%), le plus souvent entre 15 et 18h00 (41,4%). Elles ont eu lieu au cours d’une activité liée au jardin (51,2%) ou d’une activité dans la nature (45,3%), le plus souvent fortuitement (75,8%), les cas de morsures après avoir tenté d'interagir avec l'animal étant rares (7,7%).
L’analyse des cas selon les caractéristiques des communes où sont survenues les morsures montre que plus l’artificialisation des terres naturelles y est élevée, et plus la densité démographique y augmente et plus le risque de recenser au moins une morsure est élevé. La présence de voies de circulation (rues, parkings, zones industrielles et commerciales) et de décharges ou zones en construction augmentent particulièrement le risque de survenue d'une morsure.
Le risque de morsure augmente également avec les facteurs augmentant la probabilité de présence du serpent, de façon plus importante pour V. berus, dont le risque associé de morsure est aussi dépendant de la température, une variation de +1°C de la température moyenne annuelle multipliant le risque de 1,83 à 1,92. L’importance de l’activité touristique semble seulement influencer le risque de piqûre par V. aspis.
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